Le rapport 23.057 du Conseil communal relatif à une demande de crédit de CHF 1'745'000.- pour la modification de la politique de stationnement et du Règlement concernant le stationnement à usage public a soulevé beaucoup de discussions, parfois enflammées. Voici les interventions situant le positionnement du parti socialiste au Conseil général de La Chaux-de-Fonds à ce sujet.
Madame la Présidente,
Mesdames, Messieurs,
Le parti socialiste soutient depuis très longtemps la mise en œuvre d’une véritable politique de stationnement en ville de La Chaux-de-Fonds. Datant de 2020, la politique actuelle a permis de définir le centre-ville et la zone urbaine, d’introduire le principe d’un macaron et a amené certaines personnes à modifier leurs habitudes en terme de mobilité.
Malgré tout, le trafic interne à la ville demeure très important, trop important, pourrait-on même dire.
Les parkings d’échange sont peu utilisés par rapport à leur fonction première et sont surtout employés par les habitants des quartiers. Enfin, et c’est peut-être ce qui revient le plus souvent dans les discussions, le système de zone blanche nécessitant l’utilisation d’un disque n’est pas très compréhensible pour les visiteurs.
À l’heure où l’on souhaite faire venir de nouveaux habitants, on m’a rapporté plusieurs situations dans lesquelles des lausannois ou des genevois, emménageant dans notre ville et tout heureux de trouver une zone blanche afin de se consacrer tout entier, le cœur léger et la conscience tranquille au montage de leurs meubles, ont découvert un petit mot de bienvenue et un bulletin de versement sur leurs voitures en fin de journée.
Ainsi, dans tous les cas, ne serait-ce que le changement de signalétique s’imposait.
De nos jours, plus personne ou presque ne conteste le réchauffement climatique et les nombreuses perturbations qu’il occasionne.
Par ailleurs l’attractivité d’une ville passe aussi par une modération du trafic. En effet qui a envie de déguster une glace sur une terrasse parfumée par des gaz d’échappement, sans même parler du bruit.
Pouvoir flâner dans les espaces publics, faire ses courses chez de petits commerçants en toute quiétude sans avoir peur de se faire écraser par une voiture ou asperger par des véhicules dont on a l’impression qu’ils passent volontairement dans les flaques d’eau constitue de plus en plus partie des attentes des citoyennes et des citoyens et des critères de choix lorsqu’on souhaite s’établir quelque part.
Et cela sans même parler des autres nuisances que provoquent un trafic insuffisamment régulé. On peut penser ici au bruits, aux problèmes respiratoires ou aux risques d’accident, sans oublier une dévalorisation du patrimoine bâti.
Parallèlement à la modération du trafic, le développement et la promotion des transports publics, ainsi que l’encouragement de la mobilité douce constituent un axe majeur pour les collectivités publiques et singulièrement pour La Chaux-de-Fonds.
Si en terme de mobilité douce un immense travail a été fait et est encore en train de se réaliser au niveau urbanistique — pensons par exemple à la requalification du Grand pont — il reste encore beaucoup à faire en ce qui concerne les transports publics.
Bien sûr, on peut se rendre presque partout en bus, mais pas forcément à toute heure. Et puis, certaines cadences pourraient aussi être améliorées. Enfin, la durée d’un trajet pour traverser la ville est un peu longuette. Peut-être d’ailleurs que sur ce point la réduction du trafic individuel permettra d’améliorer les choses.
Le gros point noir en ce qui concerne les transports publics est que, pour l’instant, il n’y a pas possibilité d’acheter un abonnement pour une seule zone, alors que pour se déplacer à La Chaux-de-Fonds, une seule zone suffit. Aussi nous encourageons le Conseil Communal, mais aussi les députés qui sont dans cette salle à peser de tout leur poids auprès des autorités cantonales et de la communauté «Onde verte» pour qu’il soit enfin possible d’avoir un abonnement pour une seule zone.
Si on en vient maintenant aux différentes évolutions que propose le rapport, il nous semble que celles-ci vont toutes dans la bonne direction.
Ainsi, nous disons OUI sans ambages à la création de 8 zones et à l’installation de parcomètres au Centre-Ville.
Nous sommes aussi favorables au prix proposé pour le premier macaron et d’une manière générale à l’ensemble du dispositif que propose le rapport avec des cartes à gratter (en souhaitant vraiment qu’elles puissent être dématérialisées) à la journée et à la semaine.
Il nous semble toutefois qu’il manque une déclinaison de cette carte : à savoir la carte à la demi-journée et c’est ce que nous vous proposons de corriger avec notre amendement. En même temps, nous proposons de supprimer le terme «externe» pour ces cartes. Tant il nous semble que les cartes à gratter dans toutes les durées doivent aussi être utilisable par les habitants de la ville. C’est aussi une manière de ne pas acheter un second macaron et de renoncer à la voiture aussi souvent que possible tout en conservant une possibilité de rester longuement parqué dans une situation particulière.
Venons-en maintenant au second macaron. On pourrait déjà s’interroger sur le bienfondé d’un second macaron. N’est-ce pas finalement trop permissif pour influencer significativement le trafic en ville.
Le changement, pour certains sera relativement important. Malgré, l’urgence climatique, il est indispensable pour chacun de nous de pouvoir disposer d’un temps d’adaptation et de transition. Une nécessité vis-à-vis de laquelle nous ne sommes pas tous égaux ; certains ayant la faculté de changer leurs habitudes en un claquement de doigt, alors que d’autres devront franchir différentes étapes pour y arriver.
Ce second macaron est donc à voir comme une aide à la transition.
Si nous sommes bien conscients que pour inciter les automobilistes à laisser leur voiture pour préférer le vélo ou la marche à pied, il est nécessaire d’exercer une certaine contrainte ; en l’occurrence sous forme financière.
Là encore nous ne sommes pas tous égaux face à ces contraintes.
Certains pourront facilement modifier leurs habitudes, d’autre qui ne le peuvent pas ou ne le veulent pas (on espère qu’il y en aura le moins possible) pourront sans trop difficultés contourner l’obstacle en y mettant des moyens financiers.
Mais il existe aussi toute une frange de la population qui, coincée entre les primes d’assurances maladies qui augmentent, les bien de consommation de plus en plus chers, le prix des énergies qui ne cessent de progresser, voit son espace de vie s’amenuiser de plus en plus. À la fin du mois, il n’y avait plus rien, mais maintenant la fin du mois arrive de plus en plus tôt.
Bien sûr ceux-là n’ont pas de voiture me direz-vous, et bien ce n’est pas si évident que ça. Car parfois la voiture n’est ni un choix ni un luxe, mais une nécessité.
Personne à mobilité réduite, travail en équipe selon des horaires décalés, accompagnement comme proche-aidant, vite à midi en sortant du travail, puis vite le soir avant de récupérer les enfants. Autant de contraintes qui sans une voiture deviennent impossible à gérer.
C’est en pensant à ces personnes qu’avec Le POP et les Verts nous avons déposé un postulat. En effet, si nous connaissons toutes et tous des situations telles que je viens de les décrire, on a du mal à en identifier l’ampleur et aussi à proposer des réponses qui soient justes, proportionnées et qui soient réalisables par notre administration.
D’où notre demande d’étude au Conseil communal afin d’accompagner cette transition importante et d’apporter des réponses si possible d’ici la mise en place de la nouvelle politique, c’est-à-dire en 2025.
Dans un second postulat, nous demandons au Conseil communal de revenir deux à trois ans après la mise en œuvre de la nouvelle politique avec un rapport permettant de faire un bilan et de corriger ce qui devra l’être.
Vous l’aurez compris notre groupe acceptera le rapport et les arrêtés, mais en vous proposant un amendement et deux postulats.
Je vous remercie de votre attention.
Au nom du groupe socialiste
Pierre-Alain Borel