Article paru dans Le Point N° 339, septembre 2021

Le peuple suisse est appelé à se prononcer le 26 septembre sur le droit au mariage civil pour toutes et tous. Enfin adopté par le Parlement fédéral en décembre 2020 après de longues années de débat, le projet de loi est aujourd’hui combattu par un référendum de l’UDC et de l’UDF. On serait presque tenté de les remercier, car bientôt consacré par la votation populaire, le mariage pour toutes et tous viendra régler de manière durable et explicite une discrimination juridique. Son adoption par une large majorité constituera un signal très fort en faveur de l’égalité et de la diversité, un message digne de la Suisse moderne et humaniste pour laquelle nous nous battons.

Aujourd’hui, dans notre pays, les couples du même sexe ont accès au partenariat enregistré, mais pas au mariage civil. Le projet de loi soumis en votation propose de changer cela en octroyant les mêmes droits pour toutes et tous, indépendamment de leur orientation sexuelle. Le statut marital règle un certain nombre de droits, notamment en termes de succession.

Parmi les conséquences de la loi, on peut citer le droit pour les couples de femmes mariées d’accéder aux banques de sperme en Suisse et de formaliser la double affiliation de l’enfant. Cela signifie que les enfants auront deux parents dès la naissance. Il s’agit d’une avancée importante dans l’intérêt de l’enfant, qui s’en trouvera mieux protégé juridiquement. C’est en même temps une reconnaissance du fait que les couples homosexuels sont d’aussi bons parents que les couples hétérosexuels. Le mariage pour toutes et tous n’ouvre par contre pas la voie à la gestation pour autrui, qui reste interdite en Suisse.

Au-delà de ses effets concrets – le mariage reste un choix personnel et beaucoup aujourd’hui vivent heureux sans passer par l’échange de vœux devant l’officier∙ère d’état civil –, cette votation revêt un caractère de symbole. En effet, aujourd’hui dans le monde, le traitement égalitaire ou au contraire discriminant, voire carrément violent, que reçoivent ou subissent les personnes homosexuelles est une réelle ligne de fracture entre les sociétés. Il suffit d’observer la situation actuelle en Hongrie pour s’en convaincre. Or la Suisse est l’un des derniers pays européens à rechigner sur cette question. Il est temps d’y remédier et d’adapter la loi à notre temps, de la même manière que le mariage, autrefois prérogative religieuse, a été sécularisé et inscrit comme droit fondamental des citoyens au moment de l’émergence de l’État de droit moderne.

L’affirmation du mariage pour toutes et tous représente assurément un jalon sur le long chemin du progrès. Ne soyons pas conservateurs au point de préserver des discriminations qui ne sont pas en phase avec nos réalités. Le combat en faveur des droits LGBT fait partie de l’ADN de notre parti puisqu’il incarne une lutte d’émancipation au sein d’une société que nous voulons toujours plus égalitaire, plus humaine et plus respectueuse de la diversité de ses membres.

Alors oui, nous le voulons, ce mariage pour toutes et tous. Votez et appeler à voter OUI le 26 septembre prochain afin que le signal qui sortira des urnes soit vraiment très clair !

Matthieu Lavoyer

2021-09-08