Lors de la séance du Conseil général du 16 décembre 2021, deux de nos camarades sont intervenues.
Tout d’abord, Silvia Locatelli a exprimé les sentiments du groupe socialiste à propos du budget communal pour 2022. Voici la teneur de son intervention :
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Disons-le d’emblée, le budget qui nous est présenté ce soir ne peut pleinement satisfaire le groupe socialiste car nous ne voyons évidemment pas de raison particulière de nous réjouir d’une projection de résultat déficitaire à plus de 14 millions de francs.
Mais au-delà de ce chiffre, ce que le groupe socialiste craint avant tout, c’est le risque encouru à la fois par une appréhension erronée du contexte et par l’application de remèdes miracles qui seraient à coup sûr pires que le mal auquel nous devons faire face. Permettez-moi de dresser le rapide tableau du contexte, des remèdes miracles et du mal avant d’esquisser des pistes de solutions et les pièges à ne pas franchir.
Le contexte, c’est un résultat qui demeure tout de même en amélioration de 6 millions par rapport au Budget 2021. Le contexte, ce sont toutes les années de diète intense qui ont marqué une bonne partie de la dernière décennie avec des conséquences qui auraient pu nous faire frôler un désastre à plusieurs niveaux. Les répliques sismiques de cette diète se font aujourd’hui sentir car une administration dont les tâches se complexifient, pour lesquelles la pression se développe, mais dont les ressources se restreignent est une administration sous haute tension.
Le contexte, c’est enfin l’effort collectif et l’histoire de cette foi que les habitantes et habitants, les collaboratrices, collaborateurs et autorités communales, ensemble, ont eu jusqu’ici en cette Ville, jusqu’à parfois laisser de côté leurs divergences politiques.
Les remèdes miracles, ce sont ces propositions, pétries de certitudes mais aussi de bonnes intentions, qui consistent à ne voir dans la solution qu’une nouvelle série de restrictions budgétaires et de coupes sans précisément tenir compte du passé et de ses conséquences. Une approche qui peut sembler binaire et consiste à classer ce qui engendre des bénéfices comme acceptable et ce qui n’en engendre pas de manière directe comme inutile ou superflu. Mais comment évaluer ce qui rapporte ? Voici donc une vaste question. Est-ce que l’apport d’une prestation, d’une dépense, d’une charge, ne peut s’estimer qu’à l’aune des bénéfices monétaires qu’elle engendre ou faut-il l’intégrer dans un contexte plus large en évaluant l’apport que cette prestation, cette dépense, cette charge amène en termes de qualité de vie et d’attractivité. Cette question est un peu rhétorique car, en la posant, j’ai bien conscience d’y apporter une réponse. Mais tout de même…
En n’appliquant pas les ultima ratio un temps évoquées dans notre cité, ces mesures qui consistaient à entamer des réformes irréversibles et dommageables, nos autorités ont fait un choix : celui de ne pas abandonner notre identité et notre statut de Ville au profit du dogme du budget équilibré… celui également de garder ce qui fait de La Chaux-de-Fonds… La Chaux-de-Fonds.
Comment estimer réellement l’aura d’un match victorieux du HCC, d’une exposition consacrée à KiKi Kogelnic, de la médiatisation de la Trotteuse ou encore de l’afflux engendré par une soirée à Bikini. Est-ce que notre ville, ce n’est pas tout cela à la fois ?
Pour parvenir à combler les 14 millions qui nous séparent de l’équilibre en actionnant uniquement le levier des économies, c’est l’ensemble des institutions muséales et la bibliothèque que la Ville devrait fermer, sans pour autant engendrer un réel bénéfice puisque nombre des œuvres sont inaliénables. Ce n’est pas imaginable. Alors faire des choix parmi ceux-ci ? Mais est-ce que nous amputer d’une partie de cette identité ne revient pas à se perdre ? Et au final, pour gagner quoi ? Une situation pratiquement similaire à celle que nous vivons aujourd’hui en termes de déficit avec un poil de frustration et des effets irréversibles à la clé ? Un remède inefficace et qui ne tient pas compte du mal. Car, quel est ce mal ?
Ce n’est pas le manque d’efforts ; ce n’est pas une administration prétendument pléthorique, ce n’est pas l’outrecuidance de conserver les lieux de vie… en vie. Le mal, ce sont nos recettes qui inexorablement n’ont cessé de baisser à coups de réformes imposées et de perte d’habitants. Lors de la dernière législature, le PLR a martelé ô combien il était important de développer un concept de domiciliation. Il avait raison, et nous soutenons le développement de cette vision au niveau communal. Mais pour relever ce défi, notre Ville doit pouvoir offrir quelque chose : une qualité de vie, un dynamisme. Malgré les difficultés, c’est sur ces axes que le Conseil communal a décidé de s’engager car il semble croire, comme nous, que c’est une partie de la solution. C’est pour cela que nous saluons la volonté intelligente de continuer à investir.
Une autre partie de la solution ne dépend pas que de notre propre volonté. Elle est fonction de la prise de conscience, au niveau cantonal, que notre cité assume des charges inhérentes à sa propre existence. Que ce soit la reconnaissance digne du rayonnement de certaines prestations délivrées, par exemple à travers le MIH, le DAV ou la culture non institutionnelle, ou que ce soit la reconnaissance des charges géotopographiques. Il est venu le temps d’ouvrir les yeux et de permettre à notre cité de sortir de l’eau. Nous avons besoin du canton pour cela. Le parlement a donné un signal positif, mais le chemin demeure long et nous en appelons à l’exécutif cantonal, pour qu’avec nous, il fasse partie de la solution et non pas du problème.
Que l’on parle de géotopgraphie ou d’attractivité, nos formations politiques ont pu démontrer ces derniers mois qu’elles étaient capables de s’unir pour mener de front des combats pour l’avenir de notre ville. Cette union porte ses fruits. Aujourd’hui, la population cantonale nous a donné un signal éclatant comme cette confirmation, par le vote sur la H18, de doter La Chaux-de-Fonds de voies de communications qui lui permettront à la fois de rendre la ville plus respirable et plus accessible. Nous avons la responsabilité de nous montrer à la hauteur de ce signal et non pas de nous perdre. Nous avons la responsabilité de nous interroger sur l’image que nous souhaitons donner : celle, superficielle car non pas si réelle, d’une Ville qui se déchire, ou celle d’une Ville qui cherche des solutions.
Aujourd’hui, deux formations politiques déposent sur la table du Conseil général des propositions qui visent d’une part la réduction de postes et d’autre part demandent des comptes. Soit. Le groupe socialiste aussi a ses interrogations. Il s’interroge par exemple sur les raisons qui font qu’une série de postes dans la commune semblent être si peu attractifs qu’on arrive pas à recruter. Il s’interroge sur le fait que depuis des années, comme le reste de la gauche, il demande à ce que tout le système salarial de la fonction publique soit revu pour le rendre plus cohérent.
Ce soir, il se joint au POP pour déposer un postulat en ce sens. Mais ce qu’il ne fait pas, c’est mettre dans la balance l’acceptation d’un budget nécessaire et dont l’absence ne résoudrait en rien les problèmes auxquels nous devons faire face.
Que les demandes qui sont déposées aujourd’hui par la droite proviennent d’interrogations légitimes, nous le comprenons. Mais comment être cohérents, si nous décidons déjà aujourd’hui de supprimer deux postes dans un service qui fait précisément l’objet d’un audit ? Quant à la demande d’un audit général, il semble rebondir sur la surmédiatisation des études qui sont menées dans différents services. L’existence de problèmes, nous ne le nions pas. Pour nous, l’origine peut être liée tant au management qu’à la pression mise sur une Commune exsangue. Mais le fait que des audit existent démontrent précisément qu’un problème a été détecté et qu’une analyse est mise en œuvre pour le solutionner.
La droite, si proche de l’économie, devrait le savoir : les audits, c’est monnaie courante dans une entreprise, mais ce n’est pas parce que certains pans posent problème que tout l’édifice est à jeter. La Commune est un immense bateau, mettre en place un audit tel qu’il est demandé est démesuré et irréaliste. Nous étions en liste pour représenter la population et avons été élu·e·s avec la responsabilité de faire des choix, mais aussi d’exercer une haute surveillance. Nous avons des commissions et des commissaires pour veiller à cela de manière précise ; et si un problème précis est détecté, nous disposons des outils pour demander l’action. Il faut juste oser le faire, sans avoir besoin d’en créer une polémique. C’est la polémique qui sépare la volonté de bien faire de l’opportunisme.
Aujourd’hui de nombreuses et nombreux élu·e·s devront faire un choix, celui de l’image que nous voulons donner, et de la saveur réelle d’une pseudo victoire qui consiste à priver notre Ville de budget. Nous sommes face à un vote à majorité qualifiée. Un oui égale un oui. Un non égale un non. Une abstention… égale un non.
Si ce soir nous nous retrouvons sans budget, par jusqu’au boutisme et manque de confiance, la première victime sera la Ville, son administration et ses habitants… et les conséquences sur notre crédibilité se feront sentir sur le long terme.
Je n’ose croire dans ce scénario, et en appelle au bon sens.
Le groupe socialiste acceptera le budget, il vous appelle à en faire de même. Il remercie l’ensemble du Conseil communal, mais aussi tout le personnel communal pour son engagement au quotidien.
Je vous remercie.
Au nom du groupe socialiste
Silvia Locatelli
Puis se fut au tour de Monique Gagnebin de défendre une interpellation du groupe socialiste au sujet de l’affichage sauvage dans la commune.
Affichage sauvage : quid du respect du règlement ?
Les campagnes politiques se sont toujours accompagnées de leurs lots de propagande qui permettait d’informer les citoyennes et citoyens.
À l’approche d’élections ou de votations, les affiches se multiplient ; y compris hors des lieux d’affichage officiels, ce qui a toujours été toléré pour autant que les prescriptions liées au règlement communal sur l’affichage soient respectées et que les propriétaires des affiches les retirent une fois le scrutin passé. Les prescriptions concernent notamment les questions de sécurité, mais également le type de matériel utilisé.
À la suite de la dernière campagne de votations, nous avons constaté que les limites de ces règles semblaient avoir été franchies et la ville a été doublement inondée de centaines d’affiches concernant l’objet sur l’élection des juges – dont une partie sont encore en place trois semaines plus tard – et de centaines d’affiches contre la H18 disposées contre les murs, voire contre des véhicules à l’aide d’une colle résistante.
Au vu de ce qui précède, le groupe socialiste souhaiterait savoir si la commune entend appliquer le règlement communal et notamment l’art. 18 qui prévoit que l’affichage sauvage peut être enlevé aux frais des responsables.
Il est en effet important que nous puissions, toutes et tous, disposer d’un espace nous permettant de communiquer nos positions ; mais il est important que tout le monde se conforme aux règles que la plupart des partis de cette ville respectent depuis longtemps.
Pour le groupe socialiste
Monique Gagnebin