Au menu de cette séance de février, deux crédits importants malgré les difficultés financières (un nouvel ascenseur à la gare et un nouveau toboggan à la piscine) et un rapport sur la rétrocession des indemnités d'un membre de l'exécutif qui serait élu à Berne.
La demande de crédit d'engagement de CHF 1'250'000.- pour la réfection totale des ascenseurs de la Gare à la rue du Commerce 30 a été acceptée par 32 voix sans opposition.
Voici d'abord l'intervention teintée d'allusions humoristiques de Michael Othenin-Girard : « Notre ville traverse une période d’inconfort, qui limite notre capacité d’investissement et complique la mise en place d’importantes mesures qui pourtant doivent être prises. Certaines sont impopulaires et sujettes à débat, d’autres sont à ériger sur l’autel de la nécessité.
Car, qui oserait contester l’importance d’une « passerelle » piétonne entre le nord et le sud de la ville ?
Une passerelle qui permet le basculement entre la voiture et le rail, mais qui permet aussi de traverser en toute sécurité l’important dispositif de voies ferrées « coupant » notre ville en deux. Trop habitué aux querelles haut/bas, nous ne voulons pas de cela en ville.
Mais n’ayez crainte, chers amis, c’est bien avec prudence, mais surtout au figuré que j’emploie le terme de passerelle, puisque « ascenseur » ne me convient pas tout à fait, je dois bien l’avouer.
Car, dans notre esprit de « Montagnons », monter et descendre vont de pair… ici‑bas, heu, ici‑haut. Or, ascenseur, qui vient du latin « ascendere », veut dire monter. Nous devrions donc prendre un « descenseur » pour faire le chemin en sens inverse ?
Je vous entends déjà me dire qu'une telle réalisation – des ascenseurs pour monter et des descenseurs pour descendre – serait contreproductive, très coûteuse et pour tout dire compliquée : en effet, on aurait vite tous les ascenseurs en haut et tous les descenseurs en bas. Il faudrait donc alors un système qui remonterait les descenseurs et descendrait les ascenseurs.
En fait, cela reviendrait à avoir des ascenseurs plus grands pour remonter les descenseurs, et de grands descenseurs pour descendre les ascenseurs montés. Oui, mais alors comment faire avec ces grands ascenseurs et descenseurs ? C’est un problème est sans fin.
Même si le PS préférerait que ce soit l’ascenseur social qui prenne de la hauteur, le rapport qui nous présente des « cabines de verre » qui fonctionnent aussi bien à la montée qu'à la descente est probablement la meilleure proposition.
D’autant que l’écrin de verre proposé ne peut que nous donner davantage de brillance, vous en conviendrez. Boisé à l’une des extrémités, habillé d’un lettrage en deux dimensions de l’autre, cette entrée de ville deviendra « the place to be » sauf pour les « artistes-peintres » en mal de surface uniforme. Sans oublier de relever le futur raccordement au tout à l’égout qui évitera l’eau stagnante et les odeurs qui en découlent tout en permettant grandement d’en favoriser l’entretien, ainsi que le nouveau revêtement en résine époxy qui sera posé au sol et permettra d’éviter les problèmes de résonance.
Même si certains rêvent de « trottoir roulant », d’« escalier mécanique », voire de « téléphérique », ce rapport, qui, respectant les lignes prioritaires fixé par le rapport de stratégie de législature, est soutenu par les CFF et le sera prochainement par le Canton, à n’en pas douter. Il nous présente différentes variantes du projet qui démontre le soin du service de nous proposer les meilleures alternatives conciliant efficacité, fonctionnalité, et coûts. Nous l’en remercions. »
Quant aux autres groupes, le POP ne souhaite pas qu’il y ait une généralisation des caméras de surveillance comme il y en aura, à juste titre selon lui, autour des ascenseurs. Le PLR demande que la commune se donne les moyens de préserver les lieux afin que la situation désastreuse actuelle ne perdure plus. Les Verts souhaitent qu’un lieu de stationnement pour les vélos privés soient prévus devant le parc des Crêtets. L’UDC est plus partagée et se demande si on ne pourrait pas réduire les coûts. Avec les Verts, elle souhaite qu’il y ait un essai d’ouverture 24 heures sur 24, ce sur quoi le Conseil communal va réfléchir.
Le Conseiller communal Théo Huguenin-Élie, dans son intervention, a notamment annoncé que le législatif sera prochainement saisi d'un rapport sur l'utilisation des caméras de surveillance dans l'espace public.
Le crédit de CHF 630'000.- pour la réalisation d'un toboggan sur le site de la piscine des Mélèzes a également passé la rampe par 33 voix sans opposition.
Cet engin à trois pistes parallèles avec son propre bassin sera installé au nord du bassin des 50 mètres et bénéfiera d'aides privées qui réduiront le coût des CHF 630'000.‑ budgetés. Afin que les travaux puissent commencer rapidement, la clause d'urgence (empêchant un référendum) était assortie à l'acceptation.
Tous les groupes ont été très favorables au projet, même l'UDC ; Adrien Steudler veut faire « un geste », pas seulement « pour une élite » comme dans certains investissements culturels, mais pour tout le monde. Sans blaaaague !
Pour le PS, Giovanni Spoletini a relevé que cette nouvelle structure est nécessaire pour l'attractivité du lieu et que la dépense est « affrontable » dans la mesure où il y aura une augmentation de la valeur ajoutée.
Katia Babey, conseillère communale responsable des sports, a insisté sur l'aspect psychologique de la présence de ce toboggan à l'ouverture de la piscine en mai. Ce serait du « sadisme » d'attendre mi-juillet, surtout pour les détenteurs d'abonnements.
Le rapport sur la motion des Verts déposée le 25 septembre 2014 « Un double mandat ne doit pas impliquer un double salaire » a donné lieu à un débat nourri mais confus. Un élu au double mandat devra verser 26'000 francs à la ville.
Voici l'intervention de Patrick Jobin :
« Tout d’abord, le rapport ne le dit pas, mais il faut rappeler que les jetons de présences des Conseillers communaux dans les Conseils d’administration sont totalement reversés à la Ville, ce qui représente jusqu’à 30'000.- francs pour certains dicastères.
Le rapport nous enseigne que les Conseillers nationaux touchent une indemnité forfaitaire de 26'000.- francs au titre de préparation des travaux parlementaires et une indemnité de 440.- francs pour chaque jour de présence aux séances auxquelles ils participent ; ce qui représente une moyenne de 45'000.- francs par an. Ces montants, soit au total environ 70'000.- rancs, sont soumis aux cotisations sociales et imposés.
À côté de ces revenus d’environ 70'000.- francs, ils reçoivent un montant annuel de 33'000.- francs pour leurs dépenses de personnel et de matériel liées à l'exercice de leur mandat parlementaire et environ 25'000.- francs de moyenne annuel pour les frais de déplacements et de repas.
Ces derniers montants ne sont expressément pas visés par la motion. Ce qui est logique puisqu’ils ne constituent pas des revenus mais des défraiements.
Le rapport nous propose de passer d’actuellement 10% des montants soumis aux cotisations et imposables soit environ 6'000.- francs, à un forfait de 26'000.- francs. La solution proposée correspond donc à 37% des montants soumis à cotisation, respectivement à environ 20% du total des indemnités perçues.
Pour répondre à l’amendement du groupe socialiste, le rapport a brillamment comparé les autres villes suisses. Il nous enseigne également que de nombreuses villes ne prévoient et donc ne prélèvent rien du tout, notamment la ville de Neuchâtel. Quant aux villes qui prennent quelque chose, la ville de Lausanne prend le 100% de la partie imposable et la ville de Berne 75% des montants imposables.
Si certains estiment que les 37% proposés ne sont qu’une demi-mesure, nous sommes d’avis qu’il s’agit d’une proposition minimum mais qu’elle devrait être convertie en % et un peu augmentée pour atteindre 50%. En effet, cette solution a l’avantage de compenser le fait que le ou la conseiller-ère communal-e est à Berne et non à La Chaux‑de‑Fonds sans prélever un montant fixe supérieur à 26'000.- francs ; ce qui l’obligerait à se rendre à Berne pour rentabiliser son mandat. Il ou elle pourrait ainsi gérer son mandat de Conseiller national sans se soucier de ce que la ville lui demandera en retour.
En fonction des positions des autres groupes nous sommes ouverts à augmenter le prélèvement, mais pas au-delà de la solution bernoise de 75% des indemnités imposables. En effet, il faut tenir compte du fait que ces montants sont imposables et qu’ajoutés au revenu d’un Conseiller communal, la part d’impôts sur ces revenus supplémentaire seraient conséquentes et que si le double mandat ne doit bien évidemment pas donner droit à double salaire, il ne doit pas non plus impacter le salaire de conseiller-ère communal-e.
Ainsi, en plus du remboursement de ses frais il garderait également une partie de l’indemnité soumise aux cotisations, ce qui est juste car la charge de travail est plus lourde, quoi qu’en disent les voix populistes qui veulent tout ponctionner, et ce n’est pas aux collègues et au personnel communal de compenser les heures passées pour le mandat fédéral, mais à la personne concernée d’engager le personnel nécessaire et de sacrifier des week-ends et des vacances. »
Signalons au passage que le groupe socialiste est très à l’aise avec cette motion puisque les derniers statuts du parti socialiste neuchâtelois interdisent aux conseillers communaux à plein temps de cumuler un mandat aux chambres fédérales. Ainsi, contrairement à d’autre groupes qui ont de potentiels viennent ensuite au Conseil communal, ce n’est pas notre cas et cela ne le sera jamais.
Si les Verts restent dubitatifs sur la possibilité d'assumer les deux fonctions, le PLR Claude-André Moser, lui même fils d'un ancien Conseiller communal qui fut quelques années Conseiller national, valorise ce double mandat. Selon lui, c'est par esprit de service à la communauté que sur les huit Conseillers nationaux chaux-de-fonniers, quatre étaient Conseillers communaux. Cela permet une meilleure visibilité pour la ville.
Le popiste Karim Boukhris reconnaît les avantages et les désavantages du double mandat. Il propose que ce soit l'intégralité des indemnités reçues par l'élu qui soient reversées à la ville, soit 65'000 francs (et pas seulement les 26'000 francs proposés par le rapport) et que cette somme serve à engager un collaborateur pour le Conseiller communal.
La conseillère communale Sylvia Morel a démontré qu'avec la proposition popiste, un élu au double mandat qui devrait en plus verser des indemnités supplémentaires à son parti, finirait par ne plus pouvoir engager de collaborateur ou se retrouverait dans le négatif. « Plus il s'investirait, plus il devrait redonner à la Commune », ce qui serait totalement démotivant.
En fin de compte, après une longue interruption de séance, le Conseil général s'est rallié par 20 voix contre 8 à la proposition du Conseil communal.
Daniel Musy