Dans Gauchebdo de cette semaine, Julien Gressot s’en prend au Parti socialiste qu’il accuse de sombrer dans le « populisme » dans sa campagne contre le nouveau mode d’élection du Conseil communal voulu par le POP et le PLR. Passons sur l’épithète : aujourd’hui, chacun est le « populiste » de l’autre, de même qu’au temps jadis nous étions tous traités de « cryptocommunistes » dès que nos idées et nos votes déplaisaient à la droite.
Ce qui me chiffonne, en revanche, dans la diatribe de Julien Gressot, c’est cette phrase conclusive : « Pour conclure, le peuple doit se déterminer entre un système, peut-être plus spectaculaire, mais moins fonctionnel et moins démocratique et une proposition encore jamais expérimentée, qui, en contrepartie de l’abandon du choix de la personne qui siégerait, renforce le contrôle sur nos exécutifs et met en avant les idées plutôt que les individus. »
Et bien non, camarade Gressot ! La proposition d’élire le Conseil communal à la proportionnelle par le Conseil général a bel et bien été expérimentée et c’est alors le POP qui l’a combattue avec le plus de virulence ! Cela se passait au mois de juin 1968, lorsque, au vu du résultat des élections du 19 mai 1968, le Parti socialiste a volontairement renoncé à l’un de ses trois sièges à l’exécutif en faveur du Parti progressiste national. Ce qui suscita la fureur du POP qui nous accusa d’avoir trahi la classe ouvrière et autres crimes épouvantables.
J’ai raconté cette histoire dans Le Point n° 320 du mois d’août 2018 et l’article que j’avais alors publié, en ma qualité de président de section du Parti socialiste, dans La Sentinelle du 15 juin 1968, intitulé « Les raisons de notre choix », figure sur ce site.
Quand il ne déploie pas ses talents au Conseil général et au Grand Conseil, Julien Gressot exerce l’honorable métier d’historien. C’est pourquoi, il ne manquera pas d’apprécier ce petit rappel… historique !
Raymond Spira