Photo Sabine Furrer, SSP-VPOD

Monsieur le Conseiller d'État,

Votre déclaration au téléjournal de la RTS du samedi soir, 10 mars dernier : « J’ai beaucoup de compréhension pour les gens qui sont dans la rue aujourd’hui et qui manifestent le souci de voir notre société ne laisser personne au bord du chemin malgré les turbulences que connaît notre embarcation… Cette philosophie est celle du gouvernement aujourd’hui. » m’a plu tout particulièrement.

Toutefois, j’aurais aimé également que vous répondiez aux propos malhonnêtes que M. Nicolas Ruedin, président du PLR neuchâtelois, a tenus à l’émission Forum de la radio romande ce même samedi soir ; propos qui imputent à la gauche la situation actuelle des finances cantonales au prétexte qu’elle est majoritaire à l’exécutif comme au législatif. Rappelons en effet qu’au parlement les partis de gauche détiennent 58 sièges contre 57 à la droite, soit un seul siège de différence. Mais, rappelons aussi que c’est la droite, lorsqu’elle était majoritaire, il y a à peine plus d’une année, qui a fait passer un allègement fiscal pour les contribuables les plus riches de ce canton, notamment en abaissant le taux d’imposition des revenus annuels supérieurs à 200’000 francs ! Ce cadeau fiscal représente une perte de plusieurs millions pour les finances publiques ; perte qui pénalise aujourd’hui les plus fragiles d’entre-nous et met en péril bon nombre de structures sociales, culturelles ou de formation.

J’aurais aimé vous entendre dire que l’argument de la droite qui prétend par cette mesure garder les gros contribuables dans le canton est nul et non avenu dès lors que, de 2007 à 2014, donc dès avant ce cadeau fiscal, le nombre de contribuables déclarant un revenu de plus de 150’000 francs par an a augmenté de 18 % ; que si de plus en plus de Neuchâtelois s’expatrient, c’est principalement en raison du prix exorbitant du terrain constructible dans le bas du canton, prix qui a permis à quelques propriétaires terriens, qui naturellement votent PLR, de s’enrichir sans scrupule.

Enfin j’aurais aimé que vous signaliez que c’est cette même droite, dogmatique et nuisible, qui a fait du chantage durant ces derniers mois en refusant le budget tant que les partis de gauche remettaient en cause cette déduction fiscale pour les plus riches. Que c’est cette même droite qui, malheureusement, tient le couteau par le manche - contrairement à ce que prétend le président PLR - puisqu’il faut non pas la majorité simple au Grand conseil, mais une majorité des trois-cinquièmes, soit 69 voix pour déroger au sacro-saint frein à l’endettement et pouvoir ainsi adopter des mesures anti-crise.

Pour terminer, j’aurais aimé vous entendre dire que ce chantage du PLR et de l’UDC aura coûté à notre canton plus qu’il n’a rapporté.

Voilà, M. Kurth, ce que j’aurais aimé que vous exprimiez en ce samedi soir 10 mars 2018, alors qu’une frange de plus en plus large de la population est excédée par l’arrogance d’une droite néo-libérale qui mène notre canton à sa perte.

Luc Rochat
le 15 mars 2018
Les Ponts-de-Martel

2018-03-16