Lorsqu’Adam Smith, père du libéralisme, inventa sa main invisible qui devait faire du marché la panacée de l’économie, il construisit sa théorie sur deux éléments fondamentaux : les acteurs doivent être libres (les vendeurs de vendre ou non, les acheteurs d’acheter ou non) et la transparence du marché est indispensable. En d’autres termes, le marché libéralisé ne peut être profitable à tous que lorsque la transparence est garantie (tous les clients connaissent tous les marchands, tous les produits, tous les prix, toutes les conditions de vente...).
On sait que le marché de l’immobilier est tendu du fait de la rareté des logements disponibles dans de nombreuses régions de Suisse, donc qu’il n’est pas libre et que les locataires sont souvent pris à la gorge. Et que s’est-il passé mercredi-dernier, le 6 juin 2016, au Conseil national ? La majorité de droite et d’extrême droite du parlement (UDC, PLR, PDC) a refusé d’étendre à toute la Suisse la transparence du marché du logement qui se pratique dans six cantons ! Cette majorité de droite a refusé d’obliger les bailleurs d’indiquer l’ancien prix du loyer en même temps que le nouveau, refusant ainsi au futur locataire la possibilité de se faire une opinion sur la hausse de loyer et, par là, au marché d’évoluer en toute transparence ! Pire, cette majorité de droite (représentant avant tout les patrons et les propriétaires) a pris l’ensemble des citoyennes et des citoyens de ce pays pour des imbéciles prétextant que d’indiquer le prix de l’ancien loyer était « une surcharge administrative » ! Ainsi donc, dans un marché déséquilibré, la droite et l’extrême droite persistent à le rendre le moins transparent possible. Au profit de qui ? De la population ou d’une fraction de celle-ci, les propriétaires et les gérants dont le bénéfice dépend de la cherté des loyers ? Par ce vote, la droite et l’extrême droite a enfumé le marché de l’immobilier et trahi la population suisse.
Les politiciens de droite et d’extrême droite, qui se gargarisent du « marché » panacée de tous les maux économiques, ont ainsi démontré une fois de plus qu’ils ne servent pas l’intérêt du pays et de ses habitants, mais les intérêts d’une caste : les possédants.
La gauche a dès lors un devoir : c’est de rappeler aux électrices et aux électeurs cette vérité avant chaque votation ou élection : les parlementaires de droite et d’extrême droite mentent comme des arracheurs de dents lorsqu’ils prétendent défendre les intérêts de la population.
Luc Rochat