En refusant l’apparentement général de la gauche pour les prochaines élections neuchâteloises, le POP joue un jeu dangereux. Il est pratiquement certain, maintenant que la majorité de gauche au Grand Conseil ne sera pas atteinte. Mieux, ils critiquent les agissements des Conseillers d’État de gauche, alors même que dans les Conseils communaux où le POP siège, au Locle et à La Chaux-de-Fonds, les exécutifs, pourtant à majorité de gauche, ne se conduisent pas bien différemment. Ceux qui rient, ce sont le PLR et  l'UDC, ces deux partis qui sont très durs envers la politique du social.

Unilatéralement, le POP a décidé, depuis un certain temps déjà, que l'ennemi était le PS, accessoirement Les Verts parce que alliés avec l’ennemi. Bizarre décision, quand on sait que le POP et le PS votent à près de 95 % la même chose au Grand Conseil. Qu’en est‑il des partis de droite, la focalisation se fait sur le cousin de gauche.

Et qu’on ne me dise pas le contraire, il suffit de se référer au Conseil général du Locle où le POP a refusé, à deux unités près, l’amendement déposé par le PS lors de la séance sur le budget 2017 qui demandait que la fonction publique ne soit pas touchée par les mesures d’économie. Voir dans ce cas qui est le plus à gauche ! On pourrait même ajouter que le POP, dans ce cas précis, a trahi ses électeurs, les employés de la Commune du Locle étant leurs principaux électeurs depuis une célèbre rupture de collégialité de la part du tsar lors des grèves de la fonction publique.

C’est certainement la réaction d’un parti moribond qui cherche à piquer des voix là où il pense qu’il le peut. Parce que les élus popistes dans les législatifs communaux se font de plus en plus rares. S’il y en a encore 16 au Locle, grâce à la manœuvre décrite ci-dessus, il en reste huit à La Chaux‑de‑Fonds, deux à Val‑de‑Travers et un seul à Neuchâtel. Compte tenu qu’il faut dix pour cent des voix pour entrer dans un parlement, nul besoin de savoir quel était l’apparentement dans ces deux communes. Aucun autre popiste ne siège dans les Conseils généraux des autres communes du canton.

La décision prise de se fabriquer un ennemi, restait à la mettre en œuvre. Des observateurs m’ont rapporté que lors des manifestations des enseignants l’automne dernier, chaque fois que le mot "socialiste" était prononcé des sifflets et des huées se faisaient entendre. Chacune d’elles était fomentée par des militants du POP, peut-être enseignants, par ailleurs. Des chefs de claque en quelque sorte.

Et que va-t-il se passer en 2018, lors des élections fédérales, quand il s'agira de sauver le siège popiste au Conseil national. Pas sûr, à ce moment-là, que le PS aura oublié le camouflet que le POP lui a infligé en cette année d’élections cantonales.

Jean-Claude Porret, Le Locle

2017-03-22