À La Chaux-de-Fonds comme ailleurs, l’équilibre budgétaire est un thème récurrent du débat politique. C’est ainsi qu’en 1806, il y a donc 210 ans, la dette communale atteignait 150'000 francs, alors que les recettes annuelles ne s’élevaient qu’à la modeste somme de 4'477 francs. Que fit alors l’administration communale ? Elle répartit cette dette gigantesque entre tous les chefs de famille à raison de 8 louis d’or neufs chacun, soit environ 200 francs. Et le chroniqueur qui nous conte cet épisode de la vie locale de conclure : « Grâce à la bonne volonté et au dévouement remarquable de la population, l’argent rentra sans difficulté, tant et si bien qu’en 1827 la dette se trouvait complètement éteinte. » (La Chaux-de-Fonds 1944, p. 81)
Autrement dit, c’était une époque où, placé devant la situation financière difficile de la collectivité publique, on se comportait comme lorsqu’un coup dur arrive dans une famille ou chez des amis : ce n’est pas la joie, on est même passablement dépité, mais après s’être un peu lamenté, on retrousse les manches pour se sortir de ce mauvais pas et chacun prend sa part du fardeau. Jadis, cela s’appelait la solidarité, une notion bien démodée.
Parce qu’aujourd’hui, toutes ces vieilleries n’ont plus cours. En matière de fiscalité, pour être dans le vent, on applique plutôt le principe : « Prends l’oseille et tire-toi ! ». C’est justement à quoi je pensais l’autre jour, en voyant tous ces vieux copains qui adorent La Chaux-de-Fonds et notre beau Jura mais qui, la retraite venue, s’empressent de déménager sous des cieux « fiscalement plus cléments », comme l’on dit joliment. En laissant à ceux qui restent, non moins élégamment, le soin de se répartir le fardeau. Heureusement qu’ils reviendront à La Tchaux, les yeux mouillés de nostalgie, pour boire un verre de blanc – offert par la commune - à la prochaine Fête de Mai.
Peut-être même qu’ils emporteront une bouteille ou deux en souvenir du bon vieux temps où les gens d’ici leur assuraient la matérielle. Merci les copains : on se reverra sûrement à la Braderie !
Henri Duhaut