Tout le monde conclut des contrats (vente, travail, bail, mandat, etc.) et chacun comprend ce que veut dire le respect de la parole donnée. Si votre marchand de primeurs affiche le kilo de pommes à un certain prix, il ne peut pas en exiger un autre, plus élevé, au moment où vous passez à la caisse.
Un traité international est un contrat négocié entre deux ou plusieurs États. Le principe est le même : chaque État signataire doit respecter sa parole et exécuter ses obligations de bonne foi. Or, c’est justement ce principe que les promoteurs de l’« initiative pour l’autodétermination » voudraient abandonner, en faisant inscrire dans la Constitution que celle-ci est placée au-dessus du droit international et prime sur celui-ci. Mais quel pays voudra encore conclure un traité avec un État qui se réserve le droit de ne pas respecter ses obligations quand ça lui chante ?
Les défenseurs de l’initiative brandissent la menace des « juges étrangers » portant atteinte à la souveraineté de la Suisse. Il s’agit des juges à la Cour européenne des droits de l’homme qui, de temps en temps, c’est vrai, donnent tort aux tribunaux de la Confédération. Mais est-ce une raison suffisante pour priver les justiciables suisses du droit de porter leur cause jusqu’à Strasbourg, s’ils estiment avoir été mal jugés dans leur pays ? Et était-ce vraiment mieux au temps de Morgarten ?
Il ne faut pas confondre nationalisme et patriotisme. Les nationalistes sont généralement des couards qui rêvent de s’enfermer à double tour à l’intérieur des frontières, en pleurnichant que les méchants étrangers leur veulent du mal. Les patriotes, au contraire, défendent nos vraies valeurs suisses d’ouverture au monde, comme le rappelait récemment à la tribune de l’ONU le Président de la Confédération, et ils ont le sens de l’honneur : quand on a donné sa parole, on la respecte, quoi qu’il en coûte. C’est pourquoi, le 25 novembre 2018 les patriotes voteront NON à cette pernicieuse initiative dont l’acceptation déshonorerait notre pays.
Raymond Spira