Pourquoi l’UDC se cache-t-elle derrière ce « Comité OUI à l’autodétermination » ?

Dans leur tract les partisans de l’initiative « Le droit suisse au lieu de juges étrangers (initiative pour l’autodétermination) » prétendent que ladite initiative sauverait notre démocratie car elle assurerait le droit de « décider nous-mêmes ». Ce tract présente l’initiative comme une défense soi-disant neutre de la démocratie en arguant qu’il «  ne s’agit pas de savoir si on est de droite ou de gauche , mais »  si l’on veut « continuer de vivre dans une démocratie directe ». Mais qui est derrière cette campagne démagogique ? Le tract, signé « Comité Oui à l’autodétermination », ne mentionne aucun nom de personnes ou de partis politiques mais l’adresse www.initiative-autodetermination.ch (figurant aussi dans la brochure fédérale), adresse que peu iront consulter ! Cependant, une recherche sur ce site dévoile le pot aux roses : les 27 membres de ce comité d’initiative sont membres de l’UDC ( à l’exception d’une membre de la Ligue TI) ! Pourquoi l’UDC se cache-t-elle derrière ce « Comité OUI à l’autodétermination » et derrière la figure du soi-disant sauveur de la démocratie directe, si ce n’est pour ratisser large et tromper les électeurs ? Cette tromperie est d’ailleurs au cœur même de l’initiative. En effet, en voulant remplacer les «  juges étrangers » par le droit suisse, l’UDC veut en fait priver la Suisse des bénéfices de certaines Conventions internationales pourtant essentielles et veut que la Suisse ne soit plus liée par la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) que le Tribunal fédéral applique, en essuyant les critiques de l’UDC ! Jouant les grands défenseurs de la démocratie, les initiants oublient que celle-ci ne se définit pas seulement en fonction de la volonté du peuple (dont l’Histoire a montré combien il peut parfois se tromper dramatiquement) mais aussi en fonction de l’État de droit qui comprend le respect des traités internationaux et un pouvoir judiciaire indépendant.

Pierre Bauer

2018-11-06