Résumé du premier chapitre de l'excellent livre "2 ou 3 choses que l'on ne vous dit jamais sur le capitalisme", de Ha-Joon Chang, professeur à l'université de Cambridge.

Mais le marché libre n’existe pas. Il n’a jamais existé et il n’existera jamais. C’est par leurs luttes que les salarié-e-s ont obtenu leurs acquis ; c’est par leurs combats que les consommateurs et les consommatrices font pression sur les fabricants et les distributeurs pour plus de transparence par exemple. Et pour acquérir véritablement ces résultats, il faut des relais politiques que seul le Parti socialiste peut offrir 1.

Développement

Il faut laisser aux gens la « Liberté du choix », comme dit le titre d’un célèbre ouvrage du gourou du néolibéralisme, Milton Friedman.

Mais le marché libre, ça n’existe pas. Quand les économistes néo-libéraux disent et répètent qu’ils veulent défendre le marché contre les ingérences de l’État, c’est une opinion politique qui n’a rien de scientifique. Dissiper ce mythe – l’existence d’un marché libre – est le premier pas pour comprendre le capitalisme.

Et heureusement que le marché libre n’existe pas, sinon nos enfants travailleraient encore en usine plutôt que d’aller à l’école. Il a fallu que le parlement britannique intervienne pour que le travail des enfants de moins de 9 (neuf) ans soit interdit en 1819 ! Et pour que les enfants de moins de 16 ans ne soient pas obligés de travailler plus de 12 heures par jour !

Y a-t-il encore beaucoup de Libéraux pour dire que le travail des enfants devrait être libéralisé ? Au début du XXème siècle pourtant, beaucoup de gens respectables estimaient encore que la réglementation du travail des enfants était contraire aux principes du libre marché. Ce qui apparaît aux yeux de certains comme une mauvaise réglementation aujourd’hui apparaîtra comme heureuse demain.

En 2008, lorsque Georges W. Bush a injecté sur le dos des contribuables 200 milliards de dollars pour nationaliser Fannie Mae et Freddie Mac (deux énormes compagnies de prêts immobiliers), il a enfreint les règles du libre marché et a été traité de socialiste (sic). Mais pour lui l’État fédéral ne devait intervenir sur le marché que quand c’est nécessaire et son intervention à 200 milliards était don nécessaire. Qui décide quelles sont les interventions nécessaires, quelles sont les interventions superflues ?

Dès lors, les frontières du marché sont ambiguës et ne peuvent être objectivement déterminées.

Conclusion

L’économie n’est pas une science, c’est une activité politique. Et donc, lorsque les économistes libéraux prétendent qu’il ne faut pas introduire telle réglementation parce qu’elle restreindrait la « liberté » de tel marché, ils ne font qu’exprimer une opinion politique. Leur couverture idéologique c’est de feindre que leur politique à eux n’est pas politique mais scientifique, alors que les autres font de la politique.

Rompre avec l’illusion d’un marché objectif est le premier pas pour comprendre le capitalisme.

J’ajoute que la droite et l’extrême-droite appuyent leurs discours de « Les lois du marché » par-ci, « Les lois du marché » par-là, telles des imprécations au dieu « Marché ». Le marché n’a pas de lois propres. Le marché est donc régi par celles que la société des hommes (et des femmes) a bien voulu lui donner. La droite et l’extrême-droite, dont les propagandes inondent la plupart des pays du monde, sont majoritaires et imposent leurs propres lois dans leurs intérêts propres, mais malheureusement pas pour le bien-être de la majorité des humains.

 

Luc Rochat

1 Les passages en bleu sont des suppléments personnels... et que j'assume !

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2017-02-19