Au plan technique, l’inflation est une augmentation généralisée des prix. Celles et ceux dont les revenus progressent au même rythme maintiennent leur pouvoir d’achat. Si les revenus ne progressent pas, ou moins vite, la situation réelle se détériore. Traiter l’inflation représente ainsi un enjeu essentiel sous l’angle de la répartition des richesses : l’inflation met en péril les équilibres fragiles que connaissent les personnes et les familles aux revenus les plus faibles et elle menace d’accroître les inégalités.

Au plan idéologique, il y a certes un paradoxe, pour un parti qui depuis des décennies condamne les excès d’une société de consommation, à défendre le maintien du « pouvoir d’achat » et à imaginer concilier ce combat avec les défis climatiques, qui induisent au contraire à lutter contre la surconsommation. Pourtant, même si l’on combat l’organisation libérale de la société, c’est à la réalité qu’elle produit qu’il faut apporter des réponses concrètes. Il est donc juste de se préoccuper des impacts de la « vie chère ».

Au plan macroéconomique, la question est de savoir comment sortir de la dynamique où ces dernières années, face aux crises, les économies développées ont été mises sous perfusion via l’injection massive de fonds par les banques centrales et les États, générant une stimulation artificielle de la consommation, des pénuries de main-d’œuvre, une exploitation accrue de ressources et donc l’augmentation des prix dans presque tous les secteurs. Injecter « simplement » des fonds publics partout pour compenser désormais les effets de l’inflation ne ferait qu’alimenter cette spirale.

Il faut donc marteler que, plus que la garantie de « pouvoir acheter », c’est l’accès, sans discrimination ni privilèges, aux prestations essentielles (alimentation, logement, éducation, soins, sécurité, sécurité sociale) et les conditions d’une existence digne et autonome pour toutes et tous que doit assurer l’organisation de notre société.

Face à l’inflation, il faut en priorité :

  • assurer la compensation du renchérissement sur les salaires, et ce, fût-ce de façon échelonnée pour tenir compte des contraintes des employeurs dans tel ou tel secteur, au moins jusqu’au revenu moyen ;
  • corriger la progression à froid dans la fiscalité, soit éviter que l’augmentation des revenus qui ne fait que corriger l’inflation (sans amélioration du niveau de vie) ne produise une augmentation plus que proportionnelle des impôts, vu leur progressivité. C’est d’autant plus important que la progressivité est plus forte pour les catégories inférieures et moyennes de revenu. Dans notre canton, la loi impose cette correction dès 5 % d’inflation.

Et comme cette année l’inflation s’accompagne d’une progression massive du plus injuste des prélèvements obligatoires, les primes d’assurance-maladie, une correction par les subsides pour les catégories inférieures – et idéalement moyennes – de revenu s’impose. Il s’agit d’éviter que ces primes, déjà définies sans aucun lien avec le niveau de revenu, ne viennent encore grever les ressources des plus faibles.

Le contrôle de l’évolution des loyers et l’adaptation régulière des prestations sociales aux objectifs qu’elles poursuivent constituent d’autres points d’attention dans la perspective que nous partageons toutes et tous : éviter que l’évolution économique ne conduise à l’essor de la pauvreté et de la précarité.

Le développement durable, décidément, ne saurait se concevoir sans intégrer la question des équilibres économiques et sociaux.

2022-11-25