Le logement est un bien de première nécessité. Et comme tous les biens de première nécessité, une politique du logement sociale et solidaire doit s’adresser en priorité aux plus fragiles de notre société.

Une évidence pour le parti socialiste et pour une majorité de la population neuchâteloise

Cette évidence le parti socialiste l’a depuis longtemps faite sienne. Ainsi sur le plan fédéral, dernièrement, notre parti a soutenu avec détermination l’initiative de l’ASLOCA « Pour des logements pour tous ». Il a convaincu une part importante de la population suisse la plus urbaine, dont celle de notre canton (56,2 % d’avis favorables) et de notre ville (66,3 % d’avis favorables).

Ce n’est pas un hasard si les Chaux-de-Fonnières et les Chaux-de-Fonniers ont partagé les solutions proposées par l’initiative. En effet, notre Canton et notre Ville sont actifs depuis longtemps dans ce domaine, notamment grâce à l’action résolue du parti socialiste. Ainsi, depuis des décennies la ville de La Chaux-de-Fonds a-t-elle favorisé, d’une part, la création de nombreuses coopératives (actuellement elles représentent plus de  900 logements, soit 5 % du parc immobilier) et, d’autre part, le développement d’appartements pour personnes âgées, concept qui a évolué jusqu’aux appartements avec encadrement tels qu’on les connaît aujourd’hui.

Les raisons de favoriser les coopératives

Les coopératives d’habitations présentent nombre d’avantages, s’inscrivant dans une politique d’urbanisation moderne et durable :

  • Elles participent à la densification en se développant volontiers au centre du tissu urbain, notamment sur des friches. C’est le cas des dernières coopératives créées en ville : la « Coopérative Le Corbusier » sur l’ancienne friche ferroviaire, « La Renouvelle » dans un bâtiment ancien presque en ruine et la « Coopérative des Forges » construite sur le périmètre d’un ancien temple désaffecté.
  • Elles participent à la qualité environnementale de l’habitat par deux aspects au moins : les normes qui les guident limitent la taille des logements et les contraint au label Minergie.
  • Elles favorisent la mixité sociale. En effet, alors que les prix des loyers ne cessent de grimper, alors que la part de la PPE grandit par la grâce d’intérêts hypothécaires historiquement bas, le modèle coopératif demeure la meilleure réponse pour mettre sur le marché des logements à loyers raisonnables. Les coopératives ne pouvant faire de bénéfices redistribués en dividendes, elles se permettent –une fois qu’elles ont assuré les premières années d’existence – de constituer des réserves et de maintenir des loyers très bas sans adaptation récurrente à l’indice suisse des prix à la consommation ou à l’évolution parfois fantaisiste des prix du marché de l’immobilier. Ainsi, en Suisse, en moyenne, les logements en coopératives sont 20 % moins chers que les prix du marché.
  • Elles suscitent assez naturellement un rapport à l’espace et à l’habitat différent, induit par une identification et une appropriation particulière des lieux. Ce phénomène trouve son origine dans le statut hybride des coopérateurs, à l’exact milieu entre les statuts de propriétaires et de locataires. Les coopérateurs aiment leurs coopératives et s’engagent souvent sans compter pour elles. À ce propos, j’ai toujours été favorablement impressionné par la fréquentation importante des assemblées générales et par l’attention qui est portée à l’avenir de la coopérative perçu justement comme un intérêt collectif.
  • Enfin elles sont, de manière générale, mieux entretenues que les bâtiments locatifs, parce que leurs habitants sont plus et mieux attachés à elles, mais aussi parce qu’elles sont dotées de réserves souvent importantes.

Les raisons de favoriser les appartements avec encadrement et la rénovation du Châtelot

Les appartements avec encadrement sont la base du tournant que prend notre société quant au confort de vie des personnes du quatrième âge ou souffrant de handicap les amenuisant particulièrement dans leur mobilité ou dans leur autonomie. Ils sont la forme moderne des appartements pour personnes âgées et des appartement adaptés. Quand la Ville de La Chaux-de-Fonds, dans les années 50, crée les appartements pour personnes âgées du Châtelot comme alternative à ce que l’on appelle encore l’« asile de vieillards », elle fait œuvre de précurseur. Les bâtiments ont bien quelques prémisses d’encadrement, soit des espaces communs et un concierge résident, mais les logements sont encore conçus sans beaucoup de réflexions quant aux barrières architecturales. Aujourd’hui, les appartements avec encadrement prévoient non seulement la présence régulière d’un personnel formé spécifiquement, mais également des activités communes, des soins minimaux, des possibilités de repas. De surcroît, leur conception architecturale a supprimé tous les obstacles immobiliers.

L’objectif des appartements avec encadrement est de permettre aux personnes qui ont perdu une partie de leur autonomie, souvent en raison de leur âge, de conserver une qualité de vie, une sociabilité et une indépendance particulières, dans un « chez soi » qui n’a rien à voir avec celui de l’EMS. Les appartements avec encadrement sont l’expression du respect que doit notre société à ses aînés.

Au-delà, des qualités qui définissent la notion même d’appartement avec encadrement, il s’agit de remarquer qu’ils doivent s’inscrire également dans une stratégie urbanistique afin de déployer complètement leurs effets. Il n’y aurait pas de sens à construire de tels lotissements dans un quartier périphérique, en pente et éloigné de tous les équipements. Au contraire, les appartements avec encadrement doivent se situer au cœur du tissu urbain, à proximité des commerces (magasins, boulangeries, pharmacies…), des cabinets médicaux, des arrêts de bus… C’est ce à quoi le service d’urbanisme que je dirige s’emploie sans relâche avec beaucoup de succès. Pensons aux appartements de l’Ilot B du quartier Le Corbusier, à ceux des Forges, à ceux en cours de construction à La Charrière ou encore à ceux à venir sur l’Ilot A en front de la Place de la Gare.

En ce qui concerne les bâtiments du Châtelot, si le lieu est toujours apprécié, force est de constater que les immeubles et les appartements sont vieillissants et qu’un assainissement permettant de supprimer les barrières architecturales, d’augmenter le confort des locataires et de répondre aux nécessités énergétiques est indispensable. Les bâtiments rénovés devront atteindre les standards labélisés « Appartement avec encadrement » d’une part et Minergie d’autre part. Aussi, il s’agira le moment venu de soutenir fermement le projet de rénovation, malgré les coûts inévitables, et de s’opposer fermement à toute velléité de vente de cet outil indispensable à une politique sociale respectueuse de nos aînés.

Théo Huguenin-Élie

2020-10-05