En effet, avec des magasins un peu trop distants les uns des autres, des espaces publics qui ne sont pas vraiment reliés entre eux, sans oublier le « fleurissement » de locaux vides ou servant d’entrepôts, notre centre-ville est mal défini et ne donne pas une image suffisamment valorisante pour retenir les chalands, qu’ils soient Chaux-de-Fonniers ou viennent de l’extérieur.
Si l’on souhaite que le centre-ville soit attractif, il doit tout d’abord avoir une véritable existence, pouvoir être clairement identifié et former un ensemble cohérent. Pour arriver à ce résultat, les parcours piétons doivent être facilités, parfaitement sécurisés et inviter à la flânerie. Le développement de zones piétonnes en centre-ville devra aussi être accompagné d’une amélioration qualitative des sols, de l’installation de mobiliers urbains, d’une signalétique appropriée, formant un ensemble lisible pour le visiteur. Et un centre-ville doit être animé, offrir des ambiances, des odeurs, des couleurs ; bref, inviter tout un chacun à s’arrêter un instant… ou plus longuement.
C’est seulement dans ces conditions que le centre pourra devenir un véritable lieu de vie de qualité, de rencontres et d’échanges, dans lequel on aime passer du temps, faire ses courses et emmener ses amis.
Bien sûr, on ne saurait avoir raison tout seul, et si l’on souhaite que des projets puissent se développer et exister dans la durée, il est important d’associer à la démarche les commerçants entrepreneurs.
Si le développement d’un centre-ville faisant la part belle aux piétons constitue indiscutablement une mesure de soutien au commerce local, le renforcement de la monnaie locale « abeille » est une autre des actions très concrètes que nous proposons.
En effet, La Chaux-de-Fonds ne saurait retrouver une situation économique favorable qu’avec des entreprises – grandes et petites – prospères. Parmi ces dernières, les commerces locaux constituent un maillon indispensable puisqu’ils participent à l’attractivité de la ville, génèrent des richesses, créent des emplois, font travailler d’autres petites entreprises – souvent de proximité – et constituent un des éléments moteurs du cercle vertueux que nous souhaitons voir se développer.
Or, notre commerce local rencontre depuis de nombreuses années des difficultés importantes pour se rappeler au bon souvenir des consommateurs. Les grandes surfaces, de plus en plus nombreuses, l’essor du e-commerce et aujourd’hui la crise sanitaire, constituent autant de défis à relever pour les commerçants, mais heureusement aussi d’opportunités nouvelles.
En effet, si la crise de la Covid 19 a encore renforcé le recours aux achats par internet et aura des conséquences négatives pour de nombreux commerçants, elle a aussi permis une véritable prise de conscience par une part importante de la population sur la nécessité de maintenir et de développer les circuits-courts, notamment en termes d’approvisionnement alimentaire et de produits de première nécessité. Si on pense inévitablement aux œufs vendus directement à la ferme, chacun n’a pourtant pas la possibilité ou le temps de se rendre lui-même chez le producteur. Et là les commerçants locaux ont une véritable carte à jouer.
Une monnaie locale, comme notre « abeille » encourage un réseau de producteurs, de commerçants et d’associations qui proposent des biens et des services produits localement. En ancrant véritablement l’économie sur son territoire, les bénéfices enregistrés profitent plus directement à la communauté locale et revêt davantage de sens pour tous les acteurs puisque les résultats sont immédiatement visibles : agrandissement de commerces, embellissement d’espaces extérieurs, animations dans la ville, etc.
En plus d’associer des avantages économiques et écologiques en favorisant les circuits courts, une monnaie locale permet aussi de recréer des liens sociaux, de développer la confiance et de resserrer la collectivité autour de valeurs communes. De par le réseau de commerces ainsi formé et mis en lumière, les clients qui utilisent notre « abeille » ont l’occasion de découvrir d’autres magasins de la ville qui leur offrent des prestations privilégiées.
Autant d’éléments qui nous sont chers et qui permettront à notre ville d’être une ville forte, résiliente, solidaire et fière.
Pierre-Alain Borel