Chères-Chers Camarades,

Le climat. Je n’étais même pas né lorsque les premiers signaux d’alarme en ce qui le concerne ont été lancés dans les années 70. Années depuis lesquelles, paradoxalement, les catastrophes naturelles n’ont fait que s’accroître… c’est dire que nos esprits sont toujours et encore bloqués par l’inertie.

En effet, le monde entier s’essaie à un sauvetage politique et reconnaît que ses comportements et ses habitudes de consommation ont une influence directe et inéluctable sur l’environnement. À coup de matraquage publicitaire et au rythme de l’obsolescence programmée, nous nous offrons le luxe d’acheter toujours et encore plus, sans égard à la notion d’utilité et de nécessité. Nous savons tou-te-s, par exemple, que des tonnes de nos déchets électroniques finissent en Afrique, mettant ainsi en danger les populations locales et tout l’écosystème. Nous savons tou-te-s que nous respirons et ingérons des microparticules qui menacent notre santé et nos vies. Nous savons tou-te-s que notre mode de fonctionnement met en péril notre atmosphère, notre biodiversité et notre biosphère. Nous savons tou-te-s que, d’année en année, nos glaciers perdent massivement de leur volume.

Pourtant, il suffit, sous le joug du lobbying, d’une seule et unique mauvaise volonté pour que de nombreuses années de négociations soient remises en question de façon rébarbative. Fort heureusement, des actions citoyennes à large échelle commencent à se déployer : d’une part, sous la forme d’une énergie persuasive, à l’image de ces milliers de jeunes qui se mobilisent et appellent à l’action politique, et d’autre part, sous la force d’une contrainte, telle que l’initiative pour les glaciers.

Cette dernière vise, sur la base de l’Accord de Paris, à inscrire dans notre Constitution un engagement ferme et net sur la réduction à zéro des émissions de gaz à effet de serre, d'ici à 2050. « Une utopie ! », diront certains. Mais le temps presse, il faut agir maintenant. Et pour cela, il suffit d’une action claire et précise pour une politique différenciée, juste, durable, dynamique, équilibrée et… surtout juridiquement contraignante.

Nous sommes conscients des changements climatiques, dont nous sommes toutes et tous responsables. Et c’est justement cette responsabilité qui doit désormais primer et nous donner l’élan et l’ambition nécessaire pour poser concrètement les jalons d’un avenir durable.

Suivons donc l’exemple de la jeunesse qui appelle au respect et à la sauvegarde de son futur, et soutenons massivement l'initiative pour les glaciers ; pour eux, pour nous et pour notre planète !

Vous l’aurez compris, Camarades, l’écologie est aussi au centre de mes préoccupations et je suis d’avis que, par de telles initiatives et grâce à l’investissement politique, la Suisse pourra résoudre ses problématiques propres à elle et ainsi donner l’exemple, en continuant de s’engager en conséquence sur le plan international. Et sans doute, faudra-t-il encore aller plus loin avec un programme global de financement pour la transition écologique, à l’image de la création d’un budget européen pour le climat, alimenté par une taxe et consolidé par une structure bancaire. Il n’y a jamais eu autant d’argent dans le monde… Il est temps de l’utiliser et de le répartir autrement.

Et cette question de répartition des richesses se pose également dans d’autres domaines, tels que nos assurances sociales. Avec une population de plus en plus contrainte de se serrer la ceinture, notre société subit de plein fouet les dérives du néolibéralisme exacerbé, au même titre que notre climat. Il convient donc, plus que jamais, de trouver les solutions adéquates pour parvenir à construire un monde plus équitable. La justice et la solidarité font partie intégrante du développement économique au sens large. Et de ce point de vue, il est essentiel de réfléchir et d’anticiper les problématiques de demain. Tenez, par exemple, la révolution numérique : d’un côté, elle comporte de nombreux avantages, du point de vue des facilités d’échanges qu’elle nous a apportés ou encore des nouveaux horizons qu’elle nous a ouverts en termes d’innovation. Mais d’un autre côté, elle nous pose de multiples défis dans le domaine de l’emploi avec notamment le phénomène d’uberisation.

Enfin, les enjeux sont nombreux, parmi lesquels les objets cantonaux représentent aussi un volet crucial de l’engagement sous la coupole fédérale. Et je tiens, ici, à saluer l’énorme travail déployé par Didier et Jacques-André. Le récent soutien du Conseil des États à la ligne directe en témoigne, et il reviendra à la relève de continuer à mettre notre canton au centre des intérêts. Je sais qu’il est parfois difficile de convaincre nos voisins suisse-allemands ; aber ech be secher, dass mer üs Vortäil chönd verschaffe dör en besseri Kenntnis vo de Sproch ond Kultur vo de Tüütschwiiz1. Et ces connaissances linguistiques et culturelles, nombreux sont nos candidat-e-s, ici présent-e-s, à les posséder.

Certes, la Suisse est un petit pays à la multiplicité complexe et souvent concurrentielle, mais nul doute que notre région bénéficie de nombreux atouts. Outre les aspects touristiques et viticoles - oui, nos compatriotes doivent le reconnaître, nous avons du bon vin ! - mais, nous avons bien d'autres ressources ; j’en veux pour preuve,

  • d’une part, le pôle de recherche développé sur le littoral neuchâtelois
  • et d’autre part, le poumon économique que représentent les centres de haute compétence horlogère de nos Montagnes neuchâteloises.

L'horlogerie, qui contribue à la fierté nationale, notamment par sa valeur exportatrice conséquente, mais également — ne l'oublions pas — par le respect à l’échelle internationale qu'elle a su faire reconnaître au « swiss made ». Il y a là, pour moi, un potentiel extraordinaire qui reste à valoriser et à exploiter davantage, ne serait-ce qu’en termes d’image, de reconnaissance et d’attrait.

Car, s’engager à Berne, c’est aussi avoir la légitimité d’ouvrir des portes au-delà de nos frontières.

Chères et chers Camarades, je vous remercie de votre attention et profite de féliciter tou-te-s mes colistiers-ères, ainsi que Silvia et Martine, pour leur engagement et leur courage. Tous les six, nous formons une belle équipe aux expériences et aux compétences variées et complémentaires. J’en veux pour preuve – vous ne le savez peut-être pas – que le choix des thèmes d’aujourd’hui s'est fait tout naturellement, sans aucune discussion ni répartition préalable. Finalement, je pense que nous représentons aussi une relève, qui, avec ses 35 ans de moyenne d’âge, mérite votre soutien.

Merci également à Annie et à tout le comité de campagne pour leur dévouement dans le cadre de ces élections fédérales. Bon vent à toutes et tous !

Fleurier, le 9 mars 2019
Oguzhan Can

1 Trad. litt. : « Je suis sûr que nous pourrons « nous créer » des avantages en ayant de meilleures connaissances de la langue et de la culture suisse-allemande. »

2019-03-11