Le Conseil général du 4 février 2020 a été le plus difficile de la législature pour le Conseil communal mis sous pression notamment sur l’assurance perte de gain, les services sociaux et la campagne du troll.
  1. L’assurance perte de gain

Un nouveau contrat a été conclu par la Ville pour diminuer de six à trois mois la durée pendant laquelle elle prenait en charge les salaires des employés en maladie de longue durée avant qu’une assurance ne prenne le relais. Évidemment que les coûts de l’assurance ont augmenté et la première idée du Conseil communal était de reporter les frais des charges supplémentaires pour moitié sur les employés et pour moitié sur la Ville. Le début de la séance a vu le Conseil communal rétropédaler en proposant un arrêté urgent fixant la part des employés à 20 %, soit un manque à gagner de CHF 350'000.- sur le budget 2020.

Silvia Locatelli n’a pas mâché ses mots pour fustiger la manière dont le Service des finances dirigé par Sylvia Morel a géré ce dossier :

« Le groupe socialiste a pris connaissance avec un certain soulagement du projet d’arrêté urgent soumis à notre autorité ce soir, arrêté demandant un crédit supplémentaire de CHF 350'000.- permettant à la Ville de prendre en charge 80 % de l’assurance perte de gain maladie de ses collaboratrices et collaborateurs pour l’année 2020.

Soyons clairs, lorsque le groupe socialiste a pris connaissance de l’impact que la nouvelle assurance perte de gain occasionnerait sur le traitement des employés de la Ville, il a été abasourdi ; lorsqu’il a lu dans les médias que le Conseil général aurait accepté cet état de fait en votant le budget, il a été littéralement estomaqué ; lorsque, enfin, il a pris connaissance du courrier envoyé fin janvier par le Conseil communal aux employés, courrier qui n’est souvent parvenu qu’après le versement du salaire amputé, le groupe socialiste s’est définitivement mis en colère.

Enfin définitivement, peut-être pas, puisque le Conseil communal semble s’être rendu compte de ce qui ne peut pas simplement être considéré comme une maladresse, et nous propose donc de corriger le tir aujourd’hui.

Il n’en demeure pas moins que la situation nous interpelle particulièrement. En effet, la question du changement de contrat « Assurance Perte de Gain » (APG) a bel et bien été thématisée tant au sein de la commission financière qu’au sein de notre Conseil. Si elle l’a été, c’est que nous sommes plusieurs à nous être étonnés de voir les rubriques budgétaires liées à cet objet exploser. Nous nous sommes alors inquiétés auprès du Conseil communal faisant le lien entre cette augmentation massive et la situation de santé des employés de la Ville. Le Conseil communal s’est voulu rassurant. Il a évoqué une hausse prohibitive de la part de son assurance et sa volonté de trouver un autre assureur. Les chiffres figurant dans le budget étaient donc indicatifs car le Conseil communal s’attendait bel et bien à une hausse.

C’est lors de la séance du Conseil général du budget, en décembre dernier, que la Cheffe des finances [Sylvia Morel], après une nouvelle intervention de notre groupe sur le sujet, nous a annoncé qu’un nouveau contrat était signé et que celui-ci donnait la possibilité d’une prise en charge plus rapide qu’auparavant. Très bien. Cependant, ce que nous ne savions pas, et que nous ne pouvions pas savoir, c’est à quelle hauteur exactement cela se répercuterait sur les employés.

Vous me direz que nous aurions dû demander.

Un partout, balle au centre.

Enfin, pas tout à fait.

Le Conseil communal avait cette information. Lorsque nous nous inquiétions, en plénum, de la situation des employés ; lorsque nous évoquions, en plénum, la lourdeur de cette dernière année du report du rattrapage et du gel des échelons, il était à notre sens du devoir du Conseil communal de nous rendre attentifs qu’une nouvelle ponction viendrait obérer le salaire des employés. Le groupe socialiste part donc du principe qu’en votant le budget, en votant à nouveau le principe du gel des échelons et du report de l’indice des prix à la consommation négative, il n’avait pas toutes les cartes en main pour décider.

Mais le problème, n’est pas vraiment là. Nous siégeons dans une autorité et apprenons de nos erreurs, nous serons donc autrement plus attentifs la prochaine fois. Non, le vrai problème n’est pas le manque de transparence vis-à-vis du Conseil général, mais bien la manière dont cela a été communiqué au personnel communal.

Un courrier, envoyé tardivement, avec une série d’informations distillées comme s’il s’agissait d’éléments de minime importance. Un courrier qui apprenait ni plus ni moins que la conjonction des hausses APG, AVS et assurance accidents avait pour effet une diminution de salaire de 1 % dont 0.7 % uniquement pour l’APG.

Au-delà de l’impact que cela peut avoir pour certains ménages, ce qui nous choque c’est surtout que personne n’ait mesuré l’impact que cela pouvait avoir sur les gens qui, au quotidien, font de leur mieux pour servir des prestations communales au service de la collectivité avec des effectifs réduits, une pression forte et des conditions salariales qui sont bloquées à cause de la situation financière. Cela manque cruellement de reconnaissance, voire même de respect.

Aujourd’hui, avec cet arrêté, le Conseil communal corrige le tir avec cette proposition d’arrêté. Avant d’en avoir l’information, la semaine dernière en séance de commission financière, le groupe socialiste avait décidé de déposer lui-même un arrêté. Celui-ci aurait eu une teneur différente puisque nous allions proposer que la Ville prenne en charge 100 % du différentiel APG entre 2019 et 2020. Nous imaginons que si ce n’est pas cette solution qui a été retenue, c’est pour des raisons techniques. Nous souhaiterions quelques explications à ce sujet avant de nous déterminer sur un éventuel amendement. Dans tous les cas, le groupe socialiste votera bien un arrêté permettant de corriger la situation actuelle.

Par ailleurs, le groupe socialiste souhaiterait savoir comment le Conseil communal compte communiquer la décision à venir aux employés. »

Dans sa réponse, la conseillère communale Sylvia Morel (PLR) a donné les quelques informations suivantes :

  • Ce n’est pas le Conseil communal qui a baissé le salaire des employés communaux, comme certaines personnes l’ont prétendu mais bien les charges sociales qui ont augmenté. Si on le savait, personne n’avait imaginé l’impact réel que cette augmentation aurait sur les salaires.
  • Il a été très difficile, pour le Conseil communal (CC), de trouver un assureur et celui-ci n’a été trouvé que tardivement.
  • Le CC regrette que certains employés n’aient pas été informés dans des délais corrects. Certaines personnes ont en effet reçu la lettre du CC après leur fiche de salaire.
  • Le CC enverra une lettre d’explication à l’ensemble du personnel communal pour expliquer comment fonctionnent les charges sociales. Tout le monde n’est pas familiarisé avec notre système : APG, AVS et IPC n’auront bientôt plus de secret pour personne !

L’arrêté proposé par le Conseil communal a finalement été accepté à l’unanimité.

  1. Les services sociaux

Début janvier, Arcinfo a révélé dans un article fracassant que les services sociaux traversent une crise depuis de nombreuses années. Conscients que les problèmes ne datent pas de la fin 2016, l’ensemble des six groupes ont déposé l’interpellation urgente que voici :

Interpellation urgente interpartis concernant la situation de l’aide sociale

Le 9 janvier 2020, la Une du journal régional titrait : « Services sociaux : l’incroyable gâchis ». Cet article fait un portrait au vitriol du Service de l’Action sociale et de sa gestion.

L’article parle de perte financière liée au fonctionnement du service qui se compterait en millions de francs, d’un service géré à la soixante-huitarde jusqu’à l’arrivée du chef de service en 2017, mais qui a désormais quitté son poste, de collaboratrices et collaborateurs épuisé·e·s avec un nombre de démissions important qui complique la continuité dans la gestion des dossiers, d’une formation déficiente des assistantes et assistants sociaux. Bref, cet article brosse le portrait quasi-cataclysmique d’un service extrêmement sensible, l’Action sociale.

Tous ces éléments expliquent cette interpellation interpartis, déposée pour obtenir de la part de notre exécutif des réponses quant à la situation réelle du service et des éclaircissements quant à ces dysfonctionnements annoncés à si grands fracas. Car si le Conseil communal a pris la peine de s’entretenir avec les collaborateurs du service, puis avec la Commission de l’Action sociale et même avec la Commission financière du Conseil général, les déclarations publiques ont manqué et la population reste peu, voire mal informée, des difficultés traversées par l’institution.

La période trouble que rencontrent les Services sociaux ne remonte évidemment pas à cette seule législature comme cela été d’ailleurs exprimé par le Conseil d’État au Grand Conseil le 22 janvier. Tout s’est pourtant emballé récemment.

Nous demandons au Conseil communal de retracer l’historique des problèmes connus par le Service de l’Action sociale depuis le début, de nous dire pourquoi il n’a pu agir avant et comment il compte recouvrer la confiance de la population et des autorités cantonales dans ce dossier. À partir de quand le Service a-t-il connu des difficultés et pour quelles raisons ? Quels ont été les facteurs déclencheurs ?

Nous souhaitons, si le Conseil communal a déjà réalisé l’analyse des erreurs qui ont pu être commises, connaître les conséquences humaines autant que financières dues aux difficultés rencontrées à l’Action sociale. Notre Exécutif sait-il s’il y a eu des pertes comme l’article le laisse entendre, et si oui, sont-elles dans des proportions aussi monstrueuses que les journalistes le laissent croire ? Ou, au contraire, des bénéficiaires ont-ils pu être lésé·e·s ?

Si une telle analyse n’a pas encore pu être menée, quand sera-t-il possible de la réaliser et de donner des estimations ?

Mais surtout : quelles ont été les conséquences sur les bénéficiaires de l’Action sociale et sur les employé·e·s du service ?

Comment compte agir l’Exécutif pour remédier aux dérives constatées et éviter qu’à l’avenir de telles difficultés dans le suivi des dossiers des bénéficiaires ne surviennent ?

Convaincu·e·s que le Service est voué à retrouver une certaine sérénité, nous aimerions que soient exposées les mesures qui sont et seront prises par le Conseil communal pour rétablir la situation. Nous souhaiterions être assuré·e·s que l’égalité de traitement soit garantie aux bénéficiaires.

Nous désirerions enfin être persuadé·e·s que tout sera mis en œuvre pour permettre au Service de l’Action sociale de repartir sur de bonnes bases.

Quels moyens sont mis en place à l’interne de l’administration communale pour soutenir le Service de l’Action sociale dans ses mesures correctives ? Est-ce que d’autres services de la Ville seront amenés à travailler sur ce dossier ?

Le Conseil d’État a annoncé le 22 janvier 2020 avoir demandé au Conseil communal de lui fournir la « planification de la mise en conformité du pilotage et de l’accompagnement de la démarche de la gouvernance et de l’organisation du service, ainsi que les étapes prévues ». Cette planification a-t-elle été transmise ?

Nous demandons au Conseil communal de fournir un rapport sur les dysfonctionnements mis en avant dans l’audit et dans le rapport de l’Office cantonal de l’aide sociale (ODAS), si ce n’est pas possible pour des questions de confidentialité, alors au moins les transmettre aux commissaires de l’action sociale.

Nous demandons également au Conseil communal de faire un rapport en mai 2020 (au moment du bouclement des comptes) sur l’avancée des actions prises, le but étant de pouvoir confirmer au Conseil général que l’État ne mettra pas à exécution les mesures annoncées le 22 janvier, à savoir : « Si une injonction de l’ODAS partant sur un non-respect des normes n’est pas suivie d’effets / de corrections, alors les coûts engendrés sont mis à charge de la Commune ».

Enfin, pour faire le point avec le plus de transparence imaginable, aspect nécessaire pour retrouver la confiance de la population, du Canton, des employé·e·s et des bénéficiaires, nous demandons au Conseil communal quand et comment il sera possible de rendre public l’audit qui a eu lieu.

C’est donc, très soucieux de l’avenir de ce Service sensible et d’une image de la Ville, salie par l’article, que l’ensemble des groupes du Conseil général attendent des réponses claires et précises sur l’historique du Service, de faire le point sur les différentes responsabilités et les conséquences ainsi que sur les mesures prises pour qu’il puisse revenir à un fonctionnement acceptable et, ce, dans les meilleurs délais.

Pour le POP : Julien Gressot
Pour l’UDC : Marc Schafroth
Pour le PLR : Christophe Ummel
Pour le PS : Patrick Jobin
Pour les Verts : Monique Erard
Pour le PDC : Blaise Fivaz

Dans sa longue réponse, écoutée dans un silence respectueux, la Conseillère communale Katia Babey a résumé les importantes réformes prises et encore à prendre qui fragilisent le service (suivi de l’harmonisation de la facture sociale, logiciel informatique à venir). Ces réformes ont été entreprises sans ressources supplémentaires et les modifications des normes sociales compliquent le travail et cristallisent le problème, alimentant la crise.

Un conflit entre le SCAS (Service de l’Action sociale) et l’ORAS (Office cantonal de recouvrement et d’avances des contributions) a empêché le contrôle du canton. Depuis 2017 et l’entrée en fonction de la nouvelle conseillère communale, le SCAS a renoué le dialogue avec le canton et augmenté ses effectifs de six collaborateurs.

De 125 ou 130 dossiers suivis par chaque collaborateur on a passé à moins de 100, ce qui ne suffit malheureusement pas en raison des maladies et du « turnover » et donc de la spirale négative induite. L’arrivée et le départ de plusieurs cadres ont notamment conduit à de grandes difficultés.

Certes, un audit interne avait déjà été entrepris en 2015, mais les réponses n’ont pas suffi. En 2019 ont eu lieu des séances pour écouter les doléances des collaborateurs, avec la volonté d’un audit externe. Le mandat établi en mai 2019 a produit son résultat en octobre 2019 avec restitution au personnel.

Le 8 janvier 2020 une information sur les mesures prises a été transmise au personnel à la suite de l’audit. L’accès à l’audit est document officiel soumis à la loi sur la transparence MAIS à des conditions. Il ne faut pas mettre en péril les mesures prises et ne pas porter atteinte aux personnes. Le préposé à la transparence a été saisi pour avoir accès à ce document notamment par Arcinfo. Pour l’instant, le Conseil communal a fait opposition pour des intérêts privés prépondérants. À défaut d’accord sur la mise à disposition, il y aura une décision du préposé. L’audit reste donc confidentiel jusqu’à décision du préposé.

Katia Babey a expliqué que la gouvernance a totalement changé et les outils d’hier ne sont plus les mêmes que ceux d’aujourd’hui. Le Conseil de la facture sociale a approuvé que des contrôles sur site soient effectués depuis 2018. Le contrôle de l’Office cantonal de l’aide sociale a mis en lumière les problèmes graves et conduit le Conseil communal à prendre des mesures fortes. Le second contrôle est prévu au deuxième trimestre 2020.

L’estimation rapide des éventuelles pertes n’est pas possible ; il est plus urgent de mettre en place des contrôles systématiques pour assurer la conformité avec les normes et de rattraper le retard du contentieux pour éviter la prescription. Mais il ne sera pas possible de rattraper tous les dossiers.

Quant aux mesures urgentes, il a été mis en place un groupe de pilotage avec Katia Babey, Sylvia Morel, l’adjointe administrative du SCAS, la cheffe du Service des Finances, la cheffe du Service des Ressources humaines et tous les responsables du service. Des spécialistes seront consultés au besoin.

Katia Babey assure la direction du service. Anouck Schneider assure un mandat de 40 % pour six mois pour diriger les Assistant·e·s. Elle a une expérience de dix-neuf ans et dirige le SCAS du Littoral.

Autres mesures :

  • Contrôle interne avec un questionnaire remis chaque fois aux bénéficiaires avec signatures de ceux-ci.
  • Sécurisation du contentieux.
  • Comptabilité : la liste des paiements sera une pièce visée pour libérer les paiements alors qu’il n’y a pas de pièces aujourd’hui.
  • Le contrôle du budget sera effectué pour 3 mois, alors que la norme est de un mois. Il faudra aussi une double signature.
  • Un centre de compétence juridique régional et mutualisé devrait voir le jour bientôt afin de traiter les dossiers conflictuels et les contentieux.
  • Le Service des Finances s’occupera des révisions dues aux assurances sociales notamment les changements de prestations qui impliquent des calculs rétroactifs.
  • 4 postes seront créés dont une personne présente tous les jours pour répondre aux questions sur le respect des normes.

La planification a été transmise au canton en décembre 2019, à satisfaction du canton. La commission de gestion communale aura des informations supplémentaires en mars. Un rapport fera l’état des lieux lors de la séance des comptes 2019 au printemps.

En conclusion, pour Katia Babey, afin de répondre aux exigences légitimes et redonner confiance aux collaborateurs, il faut retrouver l’efficacité qui dépend du bien-être des collaborateurs. Il faut donc prendre en compte l’historique du dossier. Elle est pleinement consciente de la gravité de la situation et s’engage avec tous les moyens possibles.

Dans le débat qui a suivi, le PLR souligne que l’intervention des services financier (SFIN) et « ressources humaines » (RH) [dirigés par Sylvia Morel] est salutaire et nécessaire.

Le PS relève qu’après une interpellation interpartis, il est pour le moins particulier de reprendre la parole pour taper sur la responsable du service et ses prédécesseurs et encenser sa conseillère communale !

L’UDC est satisfait des mesures mais lâche son venin sur les prédécesseurs.

Le POP insiste sur les bénéficiaires.

Les Verts ne disent rien et ne prennent pas du tout la parole…

  1. La campagne du troll

Le parti socialiste, par Patrick Jobin, a déposé l’interpellation urgente suivante :

Communication du Conseil communal, dérapage « incon-troll-é » !

Nous sommes convaincus que dans notre situation de perte de population nous devons mettre des moyens à disposition du Conseil communal pour investir sur l’avenir au travers une véritable stratégie de mise en valeur de la ville afin non seulement d’attirer de nouveaux contribuables mais également de garder les habitants actuels et leur descendance.

Nous sommes également convaincus que le succès de cette démarche est intimement lié à l’emploi puisque notre chère ville a toujours subi des fluctuations de populations liées à la santé de notre économie. C’est pourquoi nous souhaitons que le projet de domiciliation soit mené en coordination avec la création d’un vrai service de l’économie qui fasse le lien avec les entreprises et leurs besoins.

Par contre, comme une énorme majorité de la population, nous sommes choqués que la Ville se « trolle » elle-même et nous ne partageons pas du tout la forme choisie par le Conseil communal pour attirer l’attention. Nous avons beau y mettre notre plus grande volonté, nous n’arrivons pas à comprendre le lien entre un buzz raté sur les réseaux sociaux et une stratégie de domiciliation à long terme, ni à mesurer la disproportion entre les montants articulés qui auraient déjà été dépensés et le budget alloué pour l’ensemble de l’année et du projet.

Selon la presse et les déclarations du Président de la Ville et de la conseillère communale en charge du projet de domiciliation et du service de l’économie, l’action de communication du Conseil communal a déjà coûté plusieurs dizaines de milliers de francs dépensés à l’extérieur de la ville sans concertation avec les acteurs locaux de la communication, de la culture et des autres milieux associatifs, pour un résultat qui laisse notre groupe comme une partie de la population profondément blessés et dans l’incompréhension.

Il est donc urgent que le Conseil communal réponde clairement aux questions suivantes :

  • Où en est le mandat ? Va-t-il se poursuivre ? Et avec qui ?
  • Qu’entend-il entreprendre pour réparer les dégâts d’image causés ?
  • Combien ce mandat a-t-il coûté jusqu’à maintenant et quelle somme est encore engagée ?
  • Qu’est-ce que le Conseil communal entend faire du reste de la ligne budgétaire de 150’000 francs votée au budget 2020 ?
  • Une stratégie de domiciliation et de développement d’un service de l’économie sont-ils en cours ?

Voici comment Patrick Jobin a développé son interpellation :

« Sur l’urgence :

Selon la presse et les déclarations du président de la Ville et de la conseillère communale en charge du projet de domiciliation et du service de l’économie, l’action de communication du Conseil communal a déjà coûté plusieurs dizaines de milliers de francs pour un résultat qui laisse notre groupe dans un profond malaise.

Il est urgent que le Conseil communal nous dise à nous élu·e·s du Conseil général et à la population où en est le mandat, ce qu’il entend entreprendre pour réparer les dégâts d’image causés et surtout si cette action de communication va se poursuivre et comment.

Sur le fond :

Lors du vote du budget 2020, le Conseil général avait mis en doute le montant de 150’000 francs prévu pour le projet domiciliation en insistant pour que celui-ci soit accompagné et coordonné avec la mise en place d’une vraie stratégie économique pour les entreprises locales, digne d’un vrai service de l’économie. Nous avions alors in extremis voté le maintien de cette ligne budgétaire car la conseillère communale en charge du projet nous avait déclaré que le projet domiciliation était déjà lancé et que ce budget de 150’000 francs était absolument nécessaire pour la mise en œuvre du projet.

Nous sommes convaincus que, dans notre situation de perte de population, nous devons mettre des moyens à disposition du Conseil communal pour investir sur l’avenir par une vraie stratégie de mise en valeur de la ville afin non seulement d’attirer de nouveaux contribuables mais également de garder les habitants actuels et leurs descendances.

Nous avons déjà fait plusieurs interventions sur le sujet et nous avons également soutenu celles des autres groupes allant dans ce sens. Nous sommes également convaincus que le succès de cette démarche est intimement lié à l’emploi puisque notre chère ville a toujours subi des fluctuations de populations liées à la santé de notre économie. C’est pourquoi nous souhaitions, et nous souhaitons toujours, que le projet de domiciliation soit mené en coordination avec la définition d’une stratégie du service de l’économie qui fasse le lien avec les entreprises et leurs besoins.

Si nous sommes convaincus qu’il faut investir des moyens importants dans un projet de domiciliation, donc si nous sommes d’accord sur le fond de la ligne budgétaire, comme une énorme majorité de la population nous sommes choqués que la Ville se trolle elle-même avec des images est des mises en scènes d’un goût douteux pour ne pas dire déplacé. Non pas que nous n’aimons pas rire de nous-mêmes, mais franchement, pas à n’importe quel prix et surtout pas sous cette forme. Nous ne partageons donc pas du tout la forme choisie par le Conseil communal pour attirer l’attention.

Nous avons beau y mettre notre plus grande volonté, nous n’arrivons pas à comprendre le lien entre un buzz sur les réseaux sociaux, même réussi, ce qui n’est à l’évidence pas le cas du « bad buzz » en question, et un projet de domiciliation. Plus grave, nous ne comprenons pas la proportion entre les montants articulés qui auraient déjà été dépensés et le budget alloué pour l’ensemble de l’année et du projet ! Comment se détaillent les montants déjà dépensés et comment est prévu la suite du budget du mandat ?

Pour être honnête, nous avons un peu l’impression de revivre l’histoire du logo de la ville qui avait coûté environ 60’000 francs dépensés dans une entreprise externe à la ville, sans appel d’offre en ville, et qui avait fait l’objet d’une levée de bouclier, d’une initiative, de la création d’une commission ad hoc et de l’attribution d’un nouveau mandat à l’interne de la ville pour un montant environ deux fois moins important !

Le Conseil communal aurait déjà attribué 90’000 francs de mandats à une entreprise externe, alors que nous parlons d’économie résidentielle à chaque Conseil général et que nous venons de mettre les « abeilles » en service. Où en est-on dans ce mandat, et si on devait faire appel à des entreprises locales pour reprendre le mandat, que resterait-il pour elles ?

Le Conseil général demande au Conseil communal de créer une monnaie locale mais dans la foulée, ce dernier va chercher une entreprise qui n’a pas de lien particulier avec la ville et qui lance, juste après l’annonce des problèmes du SCAS, des trolls qui se moquent de la ville !

Quelle erreur de communication pour une entreprise de… communication et faute déontologique pour un service de communication ! Une plaisanterie stupide qui coûte à la ville !

Les seules bonnes idées qui sont annoncées dans le communiqué de presse du 13 janvier 2020 sont la création de journées portes ouvertes chez l’habitant d’un nouveau genre avec visites guidées dans la ville, une hotline tenue par des citoyennes et citoyens souhaitant promouvoir leur ville sont aussi prévues. Mais est-ce encore un troll ?

Nous espérons que non car, il faut mettre en avant le bien-être et le bien-vivre en ville. Et, seuls les citoyens et citoyennes de cette ville sont capables de le faire avec sincérité. Pas un troll !

C’est dommage, voire dommageable, car la communication de la ville est sur la bonne voie depuis 20 ans. Le contenu patrimonial a été mis en avant, c’est très bien, mais ça n’a pas été facile. Les rencontres de décembre qui viennent des citoyens sont un excellent exemple de communication sincère et efficace. Sur le fond les autorités font le job de communication, mais elles font trop appel aux spécialistes sans faire appel aux citoyens et aux gens d’ici. La majorité des citoyens n’ont rien compris à cette campagne !

Les gens d’ici qui eux sont nos meilleurs ambassadeurs. Le Conseil communal, et en particulier la conseillère communale en charge de l’économie, doit prendre les acteurs de la ville et la population dans ce projet et le gérer correctement et non les « troll-er » et usurper leur nom et leur image.

Merci de votre attention et pour vos réponses. »

Sylvia Morel, cheffe du dicastère de l’économie, auquel la ligne budgétaire de CHF 150'000 avait été attribuée en décembre 2019 pour cette campagne de domiciliation, a donné les quelques informations suivantes :

  1. Jamais, le Conseil communal n’a voulu faire du tort à la Ville, comme certains l’ont prétendu et il est bien préoccupé par la diminution de la population chaux-de-fonnière. Les personnes qui partent le font souvent pour retourner au pays, pour construire une maison ou pour des questions d’emploi. Les personnes qui viennent ou reviennent le font souvent pour les mêmes raisons – beaucoup pour l’emploi et pour l’habitat.
  2. Le Conseil communal a eu une première action de sensibilisation envers les entreprises pour faire venir leurs collaborateurs ; un papillon a été envoyé concernant les pendulaires et un autre à propos des frontaliers.
  3. Cette campagne de domiciliation n’est pas terminée ! Il faut absolument la continuer. 
  4. Si c’est le Conseil communal qui a décidé de la campagne « Troll », il y a eu une commission, commission dans laquelle siégeait le Service de la communication (SCom). Celui-ci n’avait pas les moyens de faire cette campagne tout seul, juste après l’immense travail qu’il a dû fournir pour le dixième anniversaire de notre accession à l’UNESCO et les journées du « Patrimoine horloger ».
  5. Le Conseil communal a envoyé six appels d’offre en expliquant la démarche et en fournissant aux entreprises vingt aspects positifs concernant la ville de La Chaux-de-Fonds. Sur ces six appels d’offre, il y avait une entreprise neuchâteloise qui n’a même pas répondu. Le Conseil communal a finalement porté son choix sur l’entreprise « Créatives », de Vevey, parce que le devis de celle-ci entrait bien dans le budget et que c’est une grande entreprise (plus de trente collaborateurs).
  6. Cette campagne bouscule, dérange, ne laisse pas indifférent ! On voit beaucoup ceux qui la dénigrent mais on fait peu de cas des nombreuses personnes qui l’aiment : il y a beaucoup de sur Facebook.
  7. Le montant alloué par le Conseil général n’a pas été totalement dépensé :
    entreprise « Créatives » : CHF 11'000.-
    campagne « réseaux sociaux » : CHF 20'000.-
    vidéo : CHF 35'000.-
    bâches : CHF 9'000.-
    cartes postales : CHF 1'800.-
    frais postaux : CHF 2'800.-
    total : CHF 81'000.-
  8. La deuxième phase est actuellement suspendue.
  9. Le Conseil communal rencontrera les artisans de la place qui se sont fédérés.

Deuxième tour de parole

Pascal Bühler intervient, en son nom personnel, pour marquer son mécontentement et se faire le rapporteur de plusieurs acteurs culturels de la Ville. Voici son intervention que nous souhaitons faire connaître :

« En préambule, je tiens à préciser que la présente prise de parole n’est pas faite au nom du groupe socialiste.

Elle est faite, par mon intermédiaire, au nom notamment d’une partie de la population chaux-de-fonnière, d’une partie de ses habitants, ainsi que de certains acteurs locaux des milieux culturels et autres, ainsi que pour le compte de nombreux employé·e·s communaux, qui n’ont guère goûté à la plaisanterie présentée par le conseil communal !

Je n’ai pas l’intention de refaire l’historique des faits depuis le faux communiqué de presse urgent du vendredi 10 janvier dernier en fin d’après-midi, mais… d’EXPRIMER et de faire état de l’INCOMPRÉHENSION, de la COLÈRE, de la TRISTESSE, et j’en oublie volontairement qui NOUS a envahis et nous a blessés !

L’article 16 du Code civil indique que « Toute personne qui n’est pas privée de la faculté d’agir raisonnablement en raison de son jeune âge, de déficience mentale, de troubles psychiques, d’ivresse ou d’autres causes semblables est capable de discernement au sens de la loi ».

La capacité de discernement est généralement présumée !

Dans le cas qui nous occupe, voire préoccupe, nous nous interrogeons fortement sur la capacité de discernement des membres du Conseil communal, lorsqu’ils ont non seulement choisi une société externe à la ville, alors que nous possédons au sein de la Métropole horlogère les compétences nécessaires pour un tel mandat, mais également, et surtout, lorsque le conseil communal a DÉCIDÉ et VALIDÉ le programme et la mise en scène de cette PITOYABLE « comédie théâtrale numérique » !

En effet, comment expliquer que les membres du Conseil communal qui jour après jour travaillent d’arrache-pied, s’investissent sans compter, pour la ville de La Chaux-de-Fonds, pour les Montagnes neuchâteloises et le Canton, valident – dans le cadre d’une campagne de communication tendant à la domiciliation de nouveaux habitants – un concept aussi ridicule que celui dont nous avons eu droit et dû supporter les conséquences et les quolibets !

Sur ce dossier, le Conseil communal s’est fait « hara-kiri » et ce n’est même pas drôle !

Nous avons relevé de nombreuses incongruités dans cette campagne et – je vous rassure – nous n’avons pas l’intention ici de toutes les passer en revue. Juste quelques-unes, sous forme de questions :

  • Que penser du choix de la société pour un tel mandat ? Alors que le Conseil communal a lancé, avec succès, il y a quelque temps le concept de l’« Abeille » pour promouvoir le commerce local ?
  • Que penser d’un combat mené à l’époque par une conseillère générale [Sylvia Morel] qui s’était ouvertement offusquée contre l’attribution du mandat du « nouveau LOGO » de la Ville à une société externe ? Pourrait-on dire à ce propos, que l’adage « faites ce que je dis, pas ce que je fais » trouverait ici une bonne illustration ?
  • Que penser de la pertinence des idées de jouer avec des « clichés du Haut », avec des éléments désuets, erronés, voire incompréhensibles ou tout bêtement ridicules ?

Et surtout :

  • Que penser des institutions, et plus particulièrement des autorités communales de l’image qu’elles donnent avec cette campagne ?

Quel GACHIS, quelle HORREUR, quelle ERREUR, quelle… !!! 

J’invite le Conseil communal à relire une des fables de Jean de La Fontaine « Le Corbeau et le Renard » et plus particulièrement les dernières strophes. De sorte que « cette leçon vaut bien un fromage, sans doute » et espère que le Conseil communal, tout comme le corbeau de la fable, honteux et confus, jurera, mais un peu tard, que l’on ne l’y prendrait plus ».

Nous espérons sincèrement que cette ineptie trouvera un terme ce soir et que le rideau va ainsi tomber sur cette pièce digne d’une bouffonnade… »

Patrick Jobin (PS) intervient pour demander de cibler plus sur l’emploi et de ne pas utiliser les acteurs locaux sans leur consentement.

Émmanuel Lalive (Les Verts) intervient pour préciser que tout le monde s’est bien fait avoir, les médias également qui auraient dû avoir la déontologie de vérifier leurs informations et pour préciser que nul ne peut actuellement dire si cette campagne est une réussite ou non. Pour lui, ce n’est pas « chapeau bas » mais « chapeau haut ».

Marc Schafroth (UDC) tire à bras raccourcis sur Sylvia Morel en utilisant les termes d’« aberrant », d’«inadmissible » et, pour lui, le bouquet est de dire que CHF 90'000.-, ce n’est rien.

Claude-André Moser (PLR) est abasourdi par les propos tenus par certains conseillers généraux à l’encontre du Conseil communal.

Giovanni Spoletini (PS) intervient pour dire que la Ville doit avoir une meilleure politique d’agglomération. Il rappelle les « Rencontres de décembre » qui avaient généré de nombreuses discussions et qui avaient été très profitables à la Ville. Il faut « remettre le citoyen dans la combine », le prendre avec nous car certains d’entre eux ont été blessés. Ceux qui vont faire la promotion de la Ville, ce sont bien ses habitants, avec l’aide de professionnels bien sûr ; mais la réussite de cette entreprise ne se fera pas sans les Chaux-de-Fonniers.

Sylvia Morel précise que ce n’est pas la campagne de « Madame Sylvia Morel » mais celle du Conseil communal ! Cette première partie était l’accroche. On doit poursuivre en prenant tous les acteurs avec nous.

2020-02-09