Le Conseil général de La Chaux-de-Fonds s'est penché sur le nouveau programme de législature 2020-2024. À ce sujet, voici ce qu'en a dit notre camarade Giovanni Spoletini au nom du groupe socialiste :
Programme de législature : La Chaux-de-Fonds 2020-2024, une ville en mutation
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Le groupe socialiste remercie le Conseil Communal pour ce programme de législature qu’il juge, volontariste, cohérent et même enthousiasmant. Un programme innovant de législature qui nous donne un espoir, qui en partie, est déjà en train de se concrétiser.
Ce projet pour notre ville et région, s’inscrit dans un nouvel espace cantonal, avec l’ambition de rayonner bien au-delà de ses frontières régionales et cantonales vers la vaste région limitrophe du Département du Doubs et de la Franche-Comté, d’où convergent vers notre région un grand nombre de travailleurs frontaliers.
Par les projets en cours de réalisation et ceux illustrés dans le plan de législature 2020-2024, on vise en particulier de créer un nouveau rapport entre les habitants et la Cité, dans les gestes et actions de la quotidienneté : mobilité et circulation, travail, école, culture et loisirs, en améliorant et offrant un cadre de vie plaisant apte à inciter nos citoyens à y maintenir leur domicile et à d’autres à s’y établir durablement.
Ce vaste programme ne peut pas s’appréhender à sa juste valeur sans le replacer dans le contexte de la nouvelle politique d’agglomération et développement de tout le canton dont les prémisses remontent au début des années 2000.
C’est dans le déroulement de cette histoire récente de quelques deux décennies que se situe la genèse des projets en cours.
Cette réflexion se nourrit et prend en compte l’histoire, le climat et la géographie contrastée de notre territoire cantonal, avec des trajets de vie individuels et collectifs différents ; éléments qui en font en même temps sa richesse comme ses faiblesses, ses convergences et divergences, qui parfois unissent, parfois divisent et confrontent ses régions et ses habitants.
Dans un si petit territoire, l’histoire, le caractère, la sensibilité et la culture des habitants diffèrent selon les régions.
Montesquieu nous l’avait bien illustré, en particulier pour l’influence du climat, dans son ouvrage « L’Esprit des Lois ».
Ce programme de législature se comprend aussi mieux, si on rappelle la volonté de changement du Canton dans la vision de politique régionale, car il s’y inscrit de manière parfaitement limpide.
Un rappel de cette nouvelle organisation économique et territoriale cantonale nous semble opportun.
Le programme de législature 2020-2024 est cohérent car il reprend pour notre région les idées forces que nous présentons, depuis le début des années 2000, affirmant que la ville de La Chaux-de-Fonds et la ville du Locle sont une agglomération urbaine importante, UN CENTRE, qui doit s’inscrire dans une politique d’agglomération moderne et évolutive, en accord avec la nouvelle politique régionale de la Confédération et du Canton.
Notre position géographique relie le plateau suisse à la France, et en particulier la Franche-Comté. Notre ville est la principale ville du massif jurassien et peut prétendre à jouer encore plus ce rôle par les projets de mobilité 2030 en cours de réalisation.
Ce plan s’inscrit pleinement dans la nouvelle politique régionale du RUN. Il construit déjà l’avenir de la ville par les choix que la Ville a défini, avec Le Locle dans LES ACCORDS DE POSITIONNEMENT STRATÉGIQUE pour la région des MONTAGNES NEUCHÂTELOISES, qui sont :
1. Espace de liberté et de création
2. Savoir-faire, horlogerie et haute précision
3. Patrimoines naturels, architectural et horloger
Ce nouvel élan de notre ville et de notre région fait ainsi partie du vaste projet de nouvelle politique régionale entamé au début des années 2000 par le plan : UN CANTON, UNE VISION stoppé net par le refus douloureux du projet TRANSRUN, qui devait en être sa colonne vertébrale.
Notre ville et région participent avec conviction à la réalisation de ce nouveau plan appelé : UN CANTON, UN ESPACE, relancé par le Conseil d’État qui reprend dans les grandes lignes les axes de l’ancien, en l’adaptant après l’acceptation par le peuple neuchâtelois de la nouvelle organisation territoriale : abolition des districts et création de quatre entités territoriales qui composent notre espace cantonal.
Ces quatre régions ont une histoire, des particularités et des atouts spécifiques à faire valoir dans une démarche de complémentarité associative coordonnée et discutée ensemble, faisant même l’objet d’une reconnaissance réciproque et d’un accord signé par toutes les parties.
C’est le renouveau du RÉSEAU URBAIN NEUCHÂTELOIS, organisme central de la nouvelle politique régionale cantonale. La région des Montagnes a adhéré avec confiance et conviction à ce projet.
La ville de La Chaux-de-Fonds, avec la ville du Locle, y joue – comme déjà affirmé – un rôle de CENTRE URBAIN qui, lui, est déjà par ailleurs reconnu, mais selon nous pas à sa juste valeur.
Le programme de législature, que le Conseil communal nous propose, s’inscrit dans cette dynamique tout en se concentrant au renouvellement et à la réalisation de structures innovantes aux services des citoyen·ne·s dans la cité.
Le groupe socialiste a pris acte avec conviction et enthousiasme du plan cantonal du RUN qui devrait appliquer et réaliser pour chaque région son développement, selon les AXES DE POSITIONNEMENT STRATÉGIQUES.
Le Groupe socialiste, tout en affirmant son adhésion à la nouvelle politique régionale du canton, ne peut pourtant pas oublier les désaccords profonds vécus récemment, voire en cours, avec les décisions du gouvernement cantonal, en particulier celles qui concernent la politique financière et fiscale.
Cette réserve prend aussi naissance dans la confrontation violente, ouverte et frontale qui a opposé notre région, son autorité, sa population aux décisions du Conseil d’État sur les réformes de la restructuration des hôpitaux. Gestion, selon nous, catastrophique et déloyale, qui a conduit sous la direction de HNE au démantèlement de l’hôpital de La Chaux-de-Fonds, connu et reconnu pour être l’un des meilleurs hôpitaux régionaux de Suisse, un ATOUT stratégique d’importance cantonale et trans-cantonale pour toute notre région et bien au-delà totalement et injustement négligé.
La rigidité et l’autoritarisme du Conseil d’État, dans la gestion du politique sont en désaccord avec le modèle de gouvernance qu’une partie significative et majoritaire du parti socialiste des Montagnes neuchâteloises préconise.
Dans cette histoire récente et dans une restructuration primordiale pour tout le canton, l’esprit de partenariat et de complémentarité qui semble prévaloir justement, dans le fonctionnement du RUN, avait laissé la place aux manœuvres opaques de baronnies et lobbies régionalistes, imperméables à toute idée de travail en partenariat.
Ces désaccords sont encore une fois d’actualité puisque notre ville présente à nouveau des comptes 2020 largement déficitaires, déficits engendrés, selon notre Conseil communal et nous-mêmes, pour un montant conséquent, par la réforme cantonale de la fiscalité et du transfert de charges aux communes.
Notre Ville et le Canton font une analyse totalement contradictoire des avantages et des faiblesses de la nouvelle politique de péréquation cantonales.
Le désaccord actuel sur la prise en compte des dépenses liées à l’altitude et la redistribution des fonds de la Confédération aux régions concernées oppose totalement et à nouveau frontalement la région des Montagnes et le Conseil d’État par leurs analyses divergentes.
En date du 21 mai 2021, le Conseil d’État vient de porter à notre connaissance son analyse et ses conclusions.
Ce rapport s’appuie sur l’analyse du Bureau bâlois BSS Volkswirtscahftliche Beratung qui loue le système péréquatif intercommunal mis en place par l’autorité cantonale avec des propos dithyrambiques : Généreux, efficace, cohérent et juste !
Le Conseil communal pense tout le contraire ! Le rapport qu’il nous a présenté en septembre 2020, basé sur l’analyse du Conseil communal, confortée par ailleurs par les conclusions d’un autre bureau d’analyse économique, Ecosys, nous semble tout aussi sérieux. La revendication d’une meilleure prise en charge des dépenses liées à l’altitude, portée par l’initiative géo-topographique, nous parait plus que légitime pour alléger le déficit de notre budget.
Notre ville et région vivent une crise économique, financière et démographique depuis plusieurs législatures, aggravée par la crise sanitaire de la pandémie COVID. Si ces difficultés touchent aussi toutes les régions du canton, elles prennent pour la région des Montagnes une ampleur bien plus grande.
Ces divergences minent notre confiance dans la capacité du Conseil d’État de réaliser dans les faits, une partie importante des mesures qui doivent mettre en valeurs de façon cohérente nos ATOUTS tels que la Ville les a définis et que le canton a acceptés dans les ACCORDS DE POSITIONNEMENT STRATÉGIQUE.
Le parti socialiste prend acte des déclarations du Conseil d’État ; tout en émettant son analyse critique de la situation, il n’oublie pas, par ailleurs de saluer aussi l’action du gouvernement dans la réalisation d’œuvres fondamentales comme celle de la Mobilité 2030 et l’appui qu’il donne à l’établissement de structures administratives publiques et parapubliques, d’institutions de formation professionnelle, d’entités consacrées à l’Art et à la Culture.
Le parti socialiste attend par ailleurs d’autres proposition concrètes auxquelles fait allusion le Conseil d’État lui-même, pour la réalisation d’un plan de développement spécifique pour les Montagnes, un plan Marshall, comme l’avait nommé le ministre de l’Économie Mr Jean-Nat Karakash. Je cite : «Une démarche prospective et plus ambitieuse prolongeant et concrétisant la philosophie développée dans le cadre des ACCORDS DE POSITIONNEMENT STRATEGIQUE». C’est ce plan que le Conseil d’État propose en lieu et place de contributions financières ; en affirmant, dans son rapport que celles-ci «ne contribuent pas à soigner durablement les faiblesses et difficultés de notre région».
En conclusion, le parti socialiste défend, soutient et participera activement à la mise en œuvre du programme de législature de la Ville de La Chaux-de-Fonds 2020-2024. Il est conscient que la crise économique, financière et démographique touche particulièrement notre région. Il félicite le Conseil communal pour son dynamisme et la philosophie de développement qu’il met en œuvre.
Le parti socialiste des Montagnes neuchâteloises souligne en outre que le programme de législature n’aligne pas seulement des objets de développement à réaliser, mais qu’il est porteur d’un message de philosophie politique bienveillante qui veut donner la parole aux citoyens, qu’il les invite à participer à la création d’un espace de vie agréable, accueillant et convivial facilitant les rapports humains.
Il s’inspire et réaffirme par ses contenus, les valeurs démocratiques et républicaines de notre histoire sociale et politique collective et de notre savoir vivre ensemble. Valeurs dont les fondements ont façonné notre République.
Je vous remercie de votre attention
Au nom du groupe socialiste
Giovanni Spoletini