Cette séance tradionnellement vouée à l’examen des comptes de l’année précédente a notamment été un honneur pour notre camarade Monique Gagnebin, si dévouée et si investie. Vous trouverez l’intégralité de son discours d’investiture à la fin de cet article. Deux dossiers brûlants ont été traités : la nomination du Conseil d'administration de la nouvelle structure hospitalière cantonale et la destruction partielle de Marché 10.

Voici l’intervention de Silvia Locatelli pour le PS sur les comptes 2018 :

Je vous préviens d’emblée : l’intervention du groupe socialiste ne va pas s’attarder sur les différentes opérations comptables qui ont occupé la Ville et le service des communes, notamment concernant la provision prévoyance ou la limitation de la réserve de politique conjoncturelle, et ce même si elles font s’éloigner le spectre du déclenchement des mécanismes de la loi sur les finances qui pourraient être fatals à notre Ville. Non, notre intervention va se focaliser sur le résultat et tout ce qu’il implique.

Ainsi les comptes 2018, présentés sous leur forme ordinaire, affichent un déficit de 2,143 mio, à savoir une amélioration de 3,6 mio par rapport au budget. Si l’effort est réel, il ne faut pas occulter que cette apparente marche vers l’équilibre budgétaire doit être nuancée par le résultat économique. Ce résultat nous est présenté ici avec une certaine transparence, épuré des opérations extraordinaires, ce qui, il me semble, est relativement inédit pour une collectivité. Bien que sa composition soit parfois sujette à débat avec le Conseil communal en Commission financière, cette manière de faire a le mérite de nous présenter les choses comme elles sont et non pas comme nous souhaiterions qu’elles soient. Nous tenons donc à remercier le Conseil communal pour cet effort : il nous donne les clés de lecture pour choisir en toute conscience même si, à notre sens, ces choix doivent reposer sur bien plus que l’objectif de retrouver l’équilibre.

En effet, si le résultat économique demeure important (11,6 mio), il affiche un résultat amélioré de 5,8 mio par rapport aux prévisions budgétaires. Cette évolution ne doit occulter ni le prix des efforts qui ont dû être consentis pour réduire les charges, ni les difficultés réelles auxquelles reste confrontée notre cité.

Les rapports de sous-commissions et le rapport de gestion sont en ce sens tout à fait clairs, et nous montrent aussi les limites de l’exercice, répété, des restrictions budgétaires. Car derrière les chiffres qui nous sont soumis ce soir, il y une réalité : la réalité d’une administration et de collaboratrices et collaborateurs qui doivent continuer à prodiguer les tâches essentielles attendues de la part d’une collectivité publique… des tâches d’autant plus importantes lorsqu’on prétend vouloir assumer le rôle de ville, des tâches d’autant plus importantes lorsqu’on prétend vouloir conserver nos habitants et en attirer de nouveaux… j’y reviendrai. Nous l’avions déjà exprimé l’année dernière ainsi que lors du budget. Mais nos inquiétudes à ce propos sont loin de s’être dissipées. N’oublions pas que la principale ressource d’une collectivité, en parallèle voire avant même ses finances, ce sont les gens qui la font vivre. Ils et elles méritent notre reconnaissance et une attention particulière sur leurs conditions de travail.

Une administration, donc, qui doit vivre au rythme d’un régime minceur. Attention cependant aux effets pervers des régimes, car entre retrouver la santé et souffrir de malnutrition irréversible, il n’y a qu’un pas. Cela vaut tant pour les charges que pour les investissements qui, soyons clairs, ont été réellement réduits à leur portion minimale en 2018 laissant présager certainement un rattrapage nécessaire à futur.

Alors, me direz-vous, comment fait-on lorsqu’on se trouve dans une situation financière aussi préoccupante, que celle-ci va encore subir des dégradations générées par les décisions prises au niveau cantonal, et que, parallèlement, on ne peut plus mener de programmes d’économie significatif sans définitivement mettre en danger de mort notre collectivité ?

Lorsqu’une entreprise se retrouve en grande difficulté, elle peut soit se mettre en faillite, soit vendre à un tiers ou fusionner, soit redimensionner son appareil de production afin qu’il corresponde au volume de commandes soit, enfin, élargir ses parts de marché pour capter de nouveau consommateurs. Même si au parti Socialiste nous réfutons qu’une collectivité puisse être strictement gérée comme une entreprise, les choix à faire de part et d’autre sont relativement proches en cas de difficultés financières. Mais, à notre sens, il n’y a qu’une seule voie possible en l’état. Je ne vais m’attarder ni sur la faillite, qui n’est pas improbable mais catastrophique pour une ville de notre taille, ni sur la fusion qui est une voie assurément que nous devrons reprendre avec nos voisins mais qui n’est pas à l’ordre du jour dans l’immédiat.

Nous restent le redimensionnement ou l’élargissement. Je l’ai dit tout-à-l’heure, les prochaines restrictions ne pourront se faire sans casse. Notre ville devrait donc être amenée à faire des choix pour réduire drastiquement l’offre de ses services. Le corollaire à cela : la perte progressive de notre statut de ville, bien plus problématique que la perte de notre rang de troisième ville de Suisse romande. À terme, c’est l’existence même de La Chaux-de-Fonds qui est en jeu : notre Ville n’est pas construite comme un village, elle n’a pas le charme bucolique d’un village. La Chaux-de-Fonds est une urbaine voulue et construite comme telle depuis l’incendie qui a changé son visage. Nier son identité c’est risquer sa vie à terme.

Nous reste donc une seule solution, capter de nouvelles recettes. Je vous rassure, nous n’allons pas vous proposer ici une hausse fiscale, nous savons entendre la population lorsqu’elle s’exprime. Il reste donc deux options : travailler sur les flux à l’intérieur du canton et attirer de nouveaux habitants.

Concernant les flux, la situation ne va pas s’améliorer pour nous dans l’immédiat, elle va même encore se péjorer et renforcer notre problème de recettes. Le Conseil communal et certains députés ont été très actifs ; ils sont parvenus à atténuer les impacts et nous les en remercions. Il s’agira maintenant d’être tout aussi actifs dans les prochains dossiers de péréquation encore ouverts ; je pense notamment à la répartition des charges géo topographiques…

Il nous reste donc les nouveaux habitants.

Chèr-e-s collègues, nous avons un réel problème. En 2018, notre seule commune a perdu 692 habitants, ce qui totalise 60 % de la perte de population qu’a subie l’ensemble du canton l’année dernière.

Évidemment, ce chiffre doit être relativisé quant à ses causes ; une grande partie de ces habitants étant en fait des personnes d’origine étrangère qui, pour des raisons diverses, on fait le choix de rentrer dans leur pays. Il n’en demeure pas moins que cela a une conséquence en matière fiscale, et que par ailleurs cela pose de réelles questions sur l’attractivité de notre cité.

Aujourd’hui, il devient plus qu’urgent de mettre sur pied un véritable plan d’attractivité qui puisse se mettre en lien avec la démarche entreprise au niveau cantonal. La Ville doit mettre en avant les très nombreux atouts et les milliers d’activités qui s’y déploient grâce notamment à la force de ses habitants.

Elle doit continuer à se développer et donc impérativement renforcer les investissements pour offrir un espace public de qualité. Elle doit soutenir son activité culturelle et continuer de soigner son patrimoine, qui sont aujourd’hui pratiquement les seuls vecteurs de communication positive qui font rayonner la Ville loin à la ronde. Elle doit se vendre. Se vendre à de nouveaux potentiels habitants, mais aussi à de nouveaux potentiels acteurs économiques. Créer une nouvelle spirale de dynamique positive cela demande du temps ; cela demande aussi de l’investissement. Je boucle ainsi la boucle pour affirmer que le groupe Socialiste ne croit pas en une stratégie financière qui ne viserait que l’atteinte d’un équilibre à court terme. Le groupe Socialiste croit en une stratégie financière qui permet de construire l’avenir que nous laisserons en héritage à nos enfants, et à des investissements qui, à terme, nous permettront bel et bien de retrouver une situation financière assainie.

Vous l’aurez compris, c’est avec une attention soutenue face aux défis qui se présentent à nous dans l’immédiat, que le groupe Socialiste acceptera les comptes 2018. Il souhaite remercier l’ensemble du Conseil communal et de l’administration pour le travail, difficile, fourni au quotidien, et en appelle à tous les membres de notre autorité à unir ses forces pour assurer un avenir à notre cité.

Le Conseiller général Christophe Ummel (PLR), au nom de tous les partis, a interpellé le Conseil communal sur la composition du futur Conseil d’administration de la nouvelle structure hospitalière cantonale. Une "mauvaise impression générale" a été ressentie par tous les groupes à la suite du dernier Grand Conseil.

(…) Au début de ce mois, l’Exécutif cantonal a publié, par communiqué de presse, son intention de constituer le Conseil d’administration du futur réseau de santé cantonal, assorti d’un calendrier. Cependant les déclarations de M. Kurth, tant dans la presse qu’au Grand Conseil, sont constamment empreintes de sous-entendus négatifs, de mises en garde alarmistes et de propos défaitistes qui laissent planer un doute sérieux quant aux intentions réelles du gouvernement et de l’institution hospitalière actuelle, d’aller franchement de l’avant.

Il ressort des propos du Ministre de la santé, qu’il rencontre des difficultés avec les villes. Puis il a parlé d’enlisement, laissant croire que celles-ci en étaient les seules responsables. M. Kurth a ensuite insinué que les personnes que la Ville a proposées, ont été récusées par le Conseil d’État pour diverses « bonnes » raisons.

Nous n’avons aucun doute sur la pertinence du choix du Conseil communal. Dès lors, nous lui demandons de nous faire part de son analyse vis-à-vis de ce refus qui inquiète les signataires et de nous confirmer son intention de persister, quitte à imposer au Conseil d’Administration du RHNe, les personnalités compétentes qu’il a choisies. Celles-là même qui défendront, dans l‘esprit de l’initiative et de la loi issue des travaux de la Commission Santé, les intérêts du site des Montagnes.

En outre, des garanties ont été données aux initiants, quand ils ont accepté un Conseil d’administration unique, qu’il serait paritaire quant aux intérêts respectifs du Littoral et des Montagnes. Merci donc de nous expliquer quelles actions votre Autorité peut entreprendre ces prochains jours afin que ce dossier avance rapidement. Iil en va de l’image de la Ville et du Canton, de la sécurité de leurs habitants et du maintien de centaines d’emplois.

Par Katia Babey, présidente du Conseil communal, celui-ci estime qu'il a toujours fait preuve de fermeté et d'engagement pour faire respecter la volonté populaire. Il n'a aucun doute sur la pertience du choix des candidats qu'il a proposés. Si, il y a un mois, il avait l'espoir de voir ses propositions considérées avec respect, aujourd'hui, après la dernière session du Grand Conseil et les propos en plenum de Laurent Kurth, son espoir s'est évanoui.

Il est d'ailleurs surprenant que l'un des deux candidats proposés et refusés ait été formellement suggéré par le Conseil d'État lui-même. Le Conseil communal est donc, tant sur la forme que sur le fond, dans l'incompréhension. Il veut donc des garanties pour que les deux personnalités engagées et compétentes qu'il a proposées puissent siéger dans le sens de l'initiative acceptée par le peuple. Et surtout des garanties sur le fait qu'aucun des membres du Conseil d'administration actuel ne soit reconduit.

Dans la suite du débat ouvert après cette interpellation, le rôle futur de Mme Pauline de Vos Bolay, actuelle présidente du Conseil d'administration de HNE, a été discuté. Pour le socialiste Patrick Jobin, il n'est pas question de confier la mise en œuvre de l'iniative et de la loi qui l'accompagne à des personnes qui se sont opposées à cette initiative. Le popiste Nathan Erard a lancé des menaces au Conseil d'État, appelant à la réaction populaire si nécessaire ; il faut évincer les membres acttuels du Conseil d'administration pour la constitution du nouveau Conseil de RHNe. L'UDC Marc Schafroth a été très dur à l'égard de Madame de Vos "qui n'a rien démontré de bon" dans son mandat. Elle a été qualifiée de "complice " du Conseil d'État qui a déjà bafoué deux fois la volonté populaire en faisant annuler les résultats de deux votations. "Le Conseiller d'État n'a plus de vision objective et est absolument nuisible", a conclu l'élu UDC.

Rose Lièvre a posé une question sur des bulletins de vote détruits lors des dernières votations du 19 mai 2019 :

Lors des votations du dimanche 19 mai 2019, il a été constaté qu’environ une quinzaine de bulletins de vote ont été détruits, à cause de la boîte aux lettres de dépôt de bulletin qui ferme à 10h. Nous demandons au Conseil communal d’étudier ce problème afin de trouver une solution pour éviter que cela ne se reproduise : soit en tenant compte de son contenu jusqu’à la fermeture du bureau de vote à 12h. Cela pourra aussi permettre à augmenter le nombre de votants qui est de plus en plus faible.

Sylvia Morel confirme que le scrutin "dans la boîte aux lettres" doit fermer à 10 heures, au moment où on commence le dépouillement. Par contre des cityoens peuvent monter voter au Contrôle des habitants jusqu'à midi.

Carmen Brossard s’est étonnée de la démolition partielle de l’immeuble « Kaufmann », rue du Marché :

Nous avons été plusieurs, dans notre groupe, à nous rendre à l’évidence ! La maison « Kaufmann », sise rue du Marché 8, allait enfin être rénovée et trouver une nouvelle fonction. Nous avons été très heureux de constater que seul l’intérieur du bâtiment allait être détruit et que l’enveloppe extérieure allait être conservée. Quelle n’a pas été notre stupeur, il y a quelques semaines maintenant, de voir qu’une partie des murs était à terre ! Que s’est-il passé ? Que se passe-t-il ? Visiblement plus rien, le chantier semble à l’abandon ! Que va-t-il se passer ? L’année où La Chaux-de-Fonds fête le dixième anniversaire de sa reconnaissance par l’UNESCO, une telle friche industrielle, dans l’enceinte UNESCO de surcroit, juste à côté de l’endroit des festivités en plus, n’est pas admissible ! N’aurions-nous pas dû conserver ce bâtiment à l’image de ce qu’il était autrefois ?

Le chef du service de l'urbanisme, Théo Huguenin-Elie, a été d'une extrême fermeté et d'une grande clarté pour expliquer au Conseil qu'il s'agit là d'un drôle de cadeau offert à la ville pour le 10e anniversaire de son inscription à l'Unesco. Au cœur de ce patrimoine urbanistique, « c'est un véritable brigandage patrimonial ».

Pourquoi ? Parce que le promoteur a violé la loi, en l'occurrence le permis de construire de 2017 qui lui accordait le droit de transformer l'intérieur de Marché 8 et 10 sans toucher à l'extérieur. Sa volonté, malgré tout, de démolir, lui avait été refusée en 2018. Commencée le 23 avril 2019, la démolition d'une partie de Marché 10 a été particulièrement rapide. La Ville a fait tout arrêter et plainte sera déposée par le Conseil communal.

Et voici le beau discours d'investiture de Monique Gagnebin :

Madame la présidente du Conseil communal, Madame et Messieurs les conseillers communaux,

Mesdames et Messieurs les conseillers généraux, Monsieur le Chancelier,

Chers toutes et tous,

C’est avec beaucoup de plaisir et de fierté que je vais prendre la présidence de notre Conseil une année durant. J'en fais partie depuis 2005 déjà ! J’ai tissé des liens d’amitié avec presque chacune et chacun d’entre vous et cela m’a beaucoup enrichie ! Je crois donc que je peux vous appeler… mes amis en espérant qu'il en sera toujours ainsi dans une année…

Je vous remercie donc pour la confiance que vous me faites en m’ayant élue à cette Présidence et je m’efforcerai de remplir ce rôle avec fermeté et rigueur, mais aussi avec bienveillance, dans un climat serein et respectueux, quels que soient les avis, parfois divergents, qui pourront s’exprimer.

En effet, nous ne partageons pas toujours les mêmes idées, mais quelque chose nous lie, fortement, au-delà de ces divergences : c’est l’amour de notre ville, l’envie qu’elle rayonne et prospère, et que TOUS ses habitants, toutes celles et ceux qui l'animent et la font vivre, jour après jour, du cantonnier à la comptable, de l’enseignante au directeur, de l’émigré italien bien établi à la requérante somalienne, s’y trouvent bien !

Cette ville regorge d’atouts, encerclée par les forêts et les prés, offrant des écoles de qualité et des multitudes de possibilités de pratiquer le sport, une culture riche, de l’espace pour habiter !

Cependant, notre ville traverse une période difficile, voire inquiétante : des finances compliquées, des habitants qui, par choix ou nécessité, sont amenés à nous quitter (heureusement d’autres viennent s’établir !), des commerces qui se vident, le chômage qui diminue, certes, mais bien trop lentement !

Cependant il se passe de bien belles choses, aussi, dans cette ville !

J’ai la chance dès aujourd'hui d’en être la Présidente au cours de cette année particulière qui marque le 10e anniversaire de l’entrée de nos deux villes du Haut à l’UNESCO.

Je me souviens encore de l’émotion que j’ai ressentie lorsque, sur la place Espacité, cette nomination a été proclamée ! Et je soupçonne de ne pas avoir été la seule à éprouver ces sentiments de joie, de fierté, de reconnaissance et à avoir, je l’avoue, depuis lors redécouvert ma ville en me promenant dans des recoins insolites, en admirant les petites fenêtres sous les toits qui permettaient aux horlogers de profiter d’une lumière indispensable, en parcourant nos rues rectilignes, inventions parfaites pour faire face à la neige ! En pénétrant dans des maisons dont les cages d'escalier regorgent déjà de merveilles, en portant un regard différent, curieux, émerveillé sur certaines peintures, ferronneries, frises, et émue en me rappelant les conditions de vie pourtant difficiles de nos habitants durant la période même où ils ont créé tout cela ; un peu comme si cette créativité était une réponse face à l’adversité.

Mais aussi une réponse intelligente à la croissance rapide de notre ville!

Ce 10e anniversaire doit nous permettre de nous projeter, encore plus loin, en espérant devenir CAPITALE SUISSE DE LA CULTURE EN 2024. Une telle distinction pour notre ville – si difficile à appréhender au premier regard – serait en fait amplement méritée, tant elle foisonne d’évènements culturels, théâtraux, muséaux, musicaux, tant les propositions sont abondantes à tel point qu'il est souvent compliqué de choisir.

UNESCO, CAPITALE SUISSE DE LA CULTURE, un honneur et une magnifique reconnaissance suisse, (mais je n’en doute pas, également européenne) de notre présent, mais aussi de notre passé !

Cela doit surtout donner un nouveau souffle à notre ville, la promesse non seulement d’un futur riche en évènements et en réalisations, mais également d’impacts positifs, tant en termes de tourisme et d’économie que de cohésion sociale, la culture étant un vecteur indispensable au développement des idées, des projets, et pourquoi pas à une nouvelle forme de vie, s’éloignant de notre consommation folle en accroissant les inégalités sociales.

***

Alors, puisque nous sommes là pour imaginer notre futur, « I HAVE A DREAM… »

Oui, je me suis moi aussi permise, après quelques prédécesseurs bien plus illustres, de rêver un peu, un rêve que je crois en fait partagé par nous toutes et tous : pourquoi La Chaux-de-Fonds ne connaitrait-elle pas un nouvel âge d’or ? Tel que nous l'avons connu lorsque l'horlogerie, dans la foulée de la terrible crise de 1929, a réussi à se relever grâce à l'apport de toutes et tous (industriels, ouvriers, politiciens) et à susciter un magnifique essor social, culturel et sportif : augmentation de la population, création de la braderie, FCC et HCC champions suisses presque en même temps.

On peine parfois à croire que cela a été possible. Mais ça l’a été, aussi, parce qu'il y avait des travailleuses et des travailleurs qualifiés, cultivés, des industriels dynamiques, des politiciens courageux, ambitieux (au masculin ici puisque nous, les femmes, n’avions encore le droit ni de voter ni d’être élues), toutes et tous engagés dans et pour leur cité (avec le féminin cette fois car, sans nous, rien de tout cela n’eut été possible !)

***

Il est important, dans chaque nouvelle situation, d'inventer de nouvelles formes de combat, d’imaginer de nouvelles solutions, de créer de nouvelles formes de sociabilité, un peu à l'instar d'autres villes qui vivent ou ont vécu, elles aussi, des revers importants, Bienne par exemple, qui a su se relever de manière incroyable.

Et cela, nous savons le faire ! La Tchaux a de tout temps été une ville improbable, une ville de résistance, prête à défier les éléments, qu'ils soient climatiques ou économiques.

Nous en posons déjà les premières pierres. Les nouvelles idées fusent, les forces se réunissent pour défendre et faire rayonner notre ville :

- Nous avons osé mener un combat nécessaire pour conserver un véritable hôpital dans le Haut. Ce combat n’est pas terminé, mais il faut y croire !

- Nous sommes désormais pleinement engagés dans la revalorisation de notre patrimoine et, notamment, le dernier en date, le magnifique bâtiment des Anciens abattoirs.

- Des enseignantes et enseignants ont développé les ECOLADES qui réunissent désormais tant de jeunes de tous horizons autour du théâtre , de la musique, de la danse, autour surtout de valeurs communes d’ouverture à l’autre.

- Les Journées du Patrimoine horloger et le Technical Watchmaker Show, deux initiatives qui connaissent un franc succès auprès des professionnels de l’horlogerie et bien au-delà, qui suscitent un nouvel engouement pour ce savoir-faire horloger si magique. Des événements qui vont certainement prendre encore de l’ampleur dans les années à venir.

- Et puis, on ne peut oublier notre Plage à nous, qui n’a pas même besoin de lac pour assurer sa renommée.

- Et toutes ces autres pierres — je ne saurais toutes les citer — qui témoignent de nos potentialités et de notre créativité.

***

Mais, on peut – on doit – aller plus loin. Osons rêver encore, entre l'impossible et le possible. Je vais donc lancer quelques défis pour notre avenir :

(Lancer de dés, ) 3 + 4, hou là… 7 défis !

Alors allons-y !

1° Le HCC, soutenu plus encore par des sponsors locaux ou attachés à la ville, remonte en « National League ». Et redevient champion Suisse…

2° Nous transformons notre légendaire neige en un véritable or blanc : pistes de luge pour les enfants, ou même de ski de fond pour une course hivernale sur le Pod, les surplus de neige utilisés pour garantir la saison au Chapeau-Râblé ! Bon, là, il faut se dépêcher vu l’évolution du climat !

3° Nous luttons afin que certaines lois, cantonales, fédérales, voire internationales, soient changées et que toute la richesse créée ici revienne ici.

4° Afin de faire plus encore de l’horlogerie un symbole de notre histoire, la Ville, l’école d’Art et les entreprises s’allient afin d’en imprégner les rues et les parcs ; par exemple, en organisant à intervalles réguliers un concours de la plus belle horloge à installer ensuite dans la ville ! Ah… Je crois bien que j’ai déjà lancé ce défi une fois dans cet hémicycle !

5° Grâce à des mesures appropriées pour garder ici les jeunes et les encore plus jeunes, la démographie redémarre et la ville s’agrandit à nouveau (j’ai d’ailleurs personnellement tenté de contribuer concrètement à ce repeuplement…).

6° Ensemble, et en nous inspirant des idées lancées par les jeunes interrogés par Arcinfo, nous cherchons des solutions qui n’impactent pas trop notre terre, nous créons de nouveaux espaces verts, nous faisons de nos parcs des lieux de rencontre et d’animation.

7° Et, évidemment, je ne peux passer sur l’année de la femme, défi si important et pourtant évident, qui devrait permettre à toutes et à tous de vivre ensemble ici, sans discrimination, sans harcèlement en apportant l’égalité en toute chose.

J'ai donc rêvé que la population dans son entier, l'industrie, les arts, les sciences s'allient pour relever de nouveaux défis, en innovant, en inventant de nouvelles manières de faire communauté, dans le respect mutuel, le dialogue mais aussi le débat des idées.

Ce sont des défis, des paris que nous saurons peut-être, en partie, relever si nous conservons ce lien que je soulignais au début, l’amour de notre ville, l’envie qu’elle rayonne et prospère, que tout le monde tire à la même corde et s’y sente heureux.

Et le politique – c'est à dire NOUS – a naturellement un rôle important à jouer, pour rendre ces défis possibles.

La « SOLIDARITE » est le maitre mot. C’est elle qui doit permettre le vivre ensemble dans cette ville marquée par la mixité sociale et la multiculturalité, que nous devons cultiver comme des richesses à faire fructifier.

Ce mot, « SOLIDARITE », me tient particulièrement à coeur, il englobe la famille, nos voisins, nos habitants les plus démunis, le monde déchiré par les guerres et l’exclusion.

Mais, restons modestes, le plus beau défi pour La Chaux-de-Fonds est, en reprenant les mots d'Oscar Wilde :

« Soyons nous-mêmes, les autres sont déjà pris ! »

2019-05-23