Monsieur Legrix,
Ce que je vous reproche dans l’article qui a paru dans la rubrique « De plumes et de griffes » du présent site web, ce ne sont pas vos craintes ou vos doutes ; ce sont les méthodes que vous avez employées sur votre page Facebook et qui, je le répète, ont déjà été utilisées dans les années 1930 : généraliser, faire des amalgames et stigmatiser tout un peuple, une culture ou une religion et répandre la haine. Relisez quelques pages de vos manuels d’Histoire !
Suite à la parution de mon article, vos fans s’émeuvent de voir leurs noms figurer sur une page web sans leur consentement et se demandent si j’ai le droit de les citer. Vous auriez pu leur faire remarquer :
- Que ces textes n’apparaissent dans mon article que comme des éléments de preuve à mes accusations. Sans elles, vous auriez pu me traiter de menteur ou affabulateur. Ce sont des citations, et quand on cite quelqu’un, il est légal d’en signaler l’auteur. Au surplus, j’ai eu l’élégance de ne mettre que l’initiale du nom : seuls les auteurs devraient donc se reconnaître.
- Que Facebook est un espace dans lequel chacun peut s’exprimer et qui peut être potentiellement lu par des millions de personnes, des adultes mais également des jeunes ne sachant pas toujours faire la différence entre boutade, rumeur ou vérité. Je ne suis pas de vos « amis Facebook», pourtant j’ai eu accès à tous vos articles et aux commentaires qui s’y rapportent sans aucun problème.
- Que ce qui se dit et s’écrit dans un lieu public est régit par la loi, plus précisément l’article 261bis « Discrimination raciale » du code pénal.
- Que l’article 173 « Délits contre l'honneur. / Diffamation » et suivants traitent de la diffamation et de la calomnie.
- Que l’article 11 « Commission par omission » du même code pénal stipule dans son alinéa 1 : « Un crime ou un délit peut aussi être commis par le fait d'un comportement passif contraire à une obligation d'agir. »
Je constate donc que plusieurs textes de votre page Facebook tombent sous le coup de la loi ; et vous le savez aussi bien que moi. Je tiens à la disposition de la justice copie de votre page Facebook en son état au 24 mai 2016 à 10h26. Bien sûr, si vous désirez que je rende public l’entier de votre page dans l’état où se trouvait votre site à ce moment-là, pour que chacun se rende compte des ignominies qui s’y trouvaient, je suis à votre disposition.
Il a fallu que ce soit un simple citoyen socialiste qui, de son propre chef, prenne la plume et dénonce des pratiques d’un autre âge pour que vous nettoyiez votre site !
Pourquoi avoir attendu la parution de mon article pour faire le ménage dans votre page ? Pourquoi n’avoir pas tout de suite supprimé les propos haineux ? Pourquoi ne pas avoir supprimé les commentaires qui insinuent, sans fondement, que l’un de vos collègues et ses services ont touché un pot de vin dans l’acquisition de l’immeuble en question ? Pourquoi, après la parution de mon article et seulement après, vous êtes-vous contenté d’un simple : « Madame, je dis cela simplement par prudence car parfois des personnes peuvent être accusées à tord. On est dans un état de droit, et si on accuse une personne il faut être certain que c'est le cas ». Le ton cauteleux et le « parfois » inséré dans votre propos mettent parfaitement en évidence l’insinuation qui se trouve quelques lignes au-dessus. On aurait attendu d’un magistrat digne de ce nom, ou bien qu’il supprime le commentaire insidieux, ou bien qu’il porte l’affaire au sein du Conseil ou d’une autorité supérieure. Ce que vous n’avez pas fait.
Ne me dites pas que vous n’avez pas eu le temps de faire le ménage de votre page puisque ces commentaires sont restés plus de deux jours sans que vous daigniez soit les supprimer, soit les modérer. Et pourtant, dans ce laps de temps, vous êtes intervenus à plusieurs reprises distribuant les « Merci » et les « Super ».
Ce que certains vous reprocheront, Monsieur, c’est d’avoir
- mis en branle une machine de haine que vous maîtrisez mal ou pas du tout,
- favorisé les expressions haineuses et basses, y participant vous-même en affichant une caricature d’un goût qui ne vous fait pas honneur.
Ce que j’estime, moi, devoir dénoncer :
- C’est que, en tant que magistrat, vous utilisiez les frustrations et les haines de certains de vos concitoyennes et concitoyens pour attiser l’hostilité envers l’autorité dont vous faites partie.
- C’est de ne pas avoir compris, après plusieurs années au Conseil communal, que vous ne pouvez être à la fois dans et hors du gouvernement.
- Que vos pratiques ont, une fois de plus, terni l’image de La Chaux-de-Fonds.
Ne jouez pas la corde de la victimisation, Monsieur Legrix ! Il n’y a de victimes dans cette affaire que la ville de La Chaux-de-Fonds, sa population et en fin de compte la démocratie. Vous, vous n’êtes victime que de vous-même et de vos fantasmes.
Dès lors, je ne peux que conclure, en mon âme et conscience, que vous n’avez pas l’étoffe d’un magistrat et que vous n’êtes pas digne d’en être un.
Vous vous indignez de la présence d’un musée à La Chaux-de-Fonds ?
Laissez-moi m’indigner des méthodes que vous utilisez !
Et laissez-moi en appeler à toutes les citoyennes et tous les citoyens de La Chaux-de-Fonds pour qu’ils votent, en masse, pour n’importe quel candidat de n’importe quel parti, sauf pour vous ! Qu’ils démontrent ainsi par un fort taux de participation l’attachement qu’ils ont de leur ville et de la démocratie.
Luc Rochat