Au menu en particulier de cette première séance de l'année 2018 : la décision, contestée par le PLR, de construire un nouvel enclos pour les loutres du Bois du Petit-Château.

Il en coûtera 350'000 francs d'investissements nets pour construire un nouvel enclos destinés aux loutres asiatiques de notre petit parc zoologique. Le crédit a été accepté par 28 voix, avec 9 abstentions (7 PLR et deux Verts). 

Le PLR est le parti le moins enthousiaste à la dépense et 8 de ses membres sur 10 (sauf Claude-André Moser et Nicole Bosshart) se sont opposés à l’entrée en matière en demandant le retrait du rapport. Ils ont reproché au Conseil communal un manque de vision globale sur les investissements futurs à faire dans le parc. « Vous nous dites que vous avez une vision globale mais nous nous ne l’avons pas. » a reproché Cédric Haldimann à Théo Bregnard. De plus, pour eux, le coût du projet est très élevé pour deux animaux non indigènes. On va dépenser beaucoup d’argent sous le coup d’une émotion.

Les autres groupes ont tous accepté l’investissement en regrettant de ne pas avoir pu lire le rapport global sur l’avenir du zoo et du musée. Voici l’intervention de notre camarade Patrick Jobin qui reflète assez bien les interventions des autres partis favorables à l'investissement.

"En prenant connaissance de l’ordre du jour de la séance de ce soir notre première réaction a été de chercher le rapport qui manquait.

En effet, comme les autres groupes nous nous attendions à trouver un rapport sur le réaménagement global du Bois du Petit Château avant de traiter précisément du nouvel enclos des loutres.

Nous nous étions d’ailleurs déjà manifestés lors de l’élaboration du budget en nous étonnant de ne pas trouver d’investissement relatif au bâtiment de l’Ancien Stand et uniquement celui de l’enclos des loutres. On nous avait alors rassurés en nous annonçant que le rapport concernant le crédit pour les loutres serait accompagné d’une vision globale et nous imaginions alors trouver à la rentrée un rapport sur la réaffectation du bâtiment de l’Ancien Stand permettant d’accueillir le MHNC qui devra au printemps 2019 quitter le bâtiment de la « Grande » Poste (place de la gare).

Notre première réaction a donc été la surprise et la méfiance envers un rapport qui arrive seul et a priori sans cohérence.

Bref, le rapport est très intéressant mais très technique et sans la vision d’avenir sur le Bois du P’tit attendue ainsi que sur la planification financière nécessaire à sa remise en valeur. Nous nous sommes dit : mais comment juger de l’opportunité de rénover l’enclos des loutres si nous ne savons pas :

  1. Quelles espèces seront conservées et quelles autres ne le seront pas dans le cadre de la mise aux normes pour la protection des animaux ?
  2. Quelles synergies sont-elles possibles entre les bâtiments pour diminuer les coûts ?
  3. Quelle partie du Bois du P’tit pourrait à terme devenir payante, à quel tarif et pour qui ?

1. La première question est centrale. Quelles espèces le bois du petit château conservera-t-il à l’avenir ? Après réflexion, notre groupe imagine déjà trouver quelques pistes de réponses. En effet, nous sommes tous conscients de la nécessité de faire des choix. Ainsi, nous imaginons bien la probabilité que la Ville renonce à conserver, ou à reprendre, des ours tant les conditions minimales requises et compréhensibles pour abriter cette espèce sont contraignantes et hors de la portée de la Ville. L’exemple de notre capitale nationale et de ses deux enclos, l’un près de la fosse historique et l’autre au Tierpark sont là pour nous rappeler à la raison si besoin.

Parallèlement, après avoir sollicité avec succès l’aide de centaines voire de milliers de citoyens avec une levée de fonds de 200'000 francs, il ne serait tout simplement pas correct de nier cet exceptionnel engouement populaire pour les loutres cendrées.

Ces loutres sont ou plutôt seront à nouveau l’attraction phare de notre parc animalier et, au vu des choix que j’évoquais, certainement le nouveau point central pour le futur du zoo.

Quiconque a déjà vu ces animaux à l’œuvre sous les yeux des grands et petits enfants comprendra l’engouement précité et le faible nombre de voix qui s’élève contre eux, malgré le prix conséquent du projet.

Pour nous la conservation des loutres européennes et cendrées dans un projet didactique et commun doit figurer dans la vision globale du Bois du Petit Château, c’est pourquoi même en l’absence du rapport global, nous soutenons ce projet sur le principe.

Pour le surplus, nous estimons que le Conseil général n’est pas forcément le lieu adéquat pour mener un débat de fond sur la liste des espèces du futur parc, car nous n’imaginons pas nous mettre d’accord en plénum sur le choix des espèces à conserver ou pas.

2. Ces considérations nous amènent au prix justement. Il est comparé au prix d’une villa, ce qui est vrai. Il faut toutefois se résoudre au fait que la mise aux normes des enclos pour les animaux ne peut plus se faire à coup de quelques dizaines de milliers de francs, de simples barrières et des dalles de béton. Il faut maintenant du chauffage, de l’éclairage, des aménagements durables et modulables imaginés et étudiés par des professionnels ainsi que des locaux dignes de ce nom. Il serait naïf et irresponsable de le nier.

Certains pensent aussi que l’emplacement permettrait d’envisager une mise en commun des chauffages des bâtiments et qu’il faut donc attendre. Nous sommes d’accord avec cette remarque et nous demandons à ce que cette variante soit étudiée dans le cadre de la réalisation du projet afin de ne pas passer à côté de synergies énergétiques importantes.

Il en va de même des matériaux utilisés et des critères Minergies appliqués. Si nous saluons la volonté de créer un bâtiment à hauts standards énergétiques, nous sommes étonnés que cela soit obligatoire et que le béton ait été privilégié. En effet, un bâtiment pour des loutres est-il vraiment soumis aux mêmes critères énergétiques que pour les humains et des matériaux plus modulables en cas de volonté de modifier la structure ne sont-ils pas envisageables au lieu du béton ?

Au-delà de ces remarques, le prix qui est finalement à charge de la ville, soit 325'000 francs, nous semble en valoir la peine pour la future attraction centrale de notre bien aimé Bois du Petit Château.

Ainsi, indépendamment du projet global, nous pouvons soutenir ce premier projet de mise à niveau d’un enclos aux normes OPAN.

3. Finalement, quant à l’emplacement, il nous paraît, lui aussi, central, puisqu’il est proche du bâtiment de l’Ancien stand et du vivarium et qu’il permet d’imaginer une interaction entre le futur musée, le vivarium et la cafétéria.

Dans le cadre de ces futures rénovations il faudra se poser la question de l’entrée et de parkings payants du musée et/ou du vivarium pour une partie ou la totalité des visiteurs.

Finalement, le projet permettra d’enfin les voir ces fameuses loutres si rigolotes et cela dans le plus grand parc à loutres de Suisse. Ce sera une attraction exceptionnelle pour un bois du Petit Château exceptionnel avec 100'000 visiteurs par an !

Après le toboggan des Mélèzes et ses trois pistes, l’engouement est à nouveau là, avec 200'000 francs de dons pour ce projet. Il permettra de faire venir du monde et, à terme, il ne coûtera pas plus cher en termes de charges de fonctionnement.

Quant à la vision globale que nous attendons toutes et tous, elle devra ménager le budget culturel et sportif de notre commune qui a subi de lourdes coupes ces dernières années. Un très grand effort devra être fait pour amener les coûts de fonctionnement à un niveau acceptable.

L’occasion pour notre groupe d’affirmer précisément que nous souhaitons que ces questions soient étudiées et exposées dans le rapport global qui devra donc comporter l’analyse des aspects financiers et associer tous les services et entités concernés.

Sans encore en connaître précisément les contours, nous pouvons déjà affirmer que le projet global et le déménagement du Musée d’histoire naturelle sur le site constituent ensemble un des principaux investissements auquel la Ville consentira en termes d’importance stratégique mais aussi financière. Pour donner toutes ses chances à un projet très attendu par la population, nous invitons le Conseil communal à soumettre les rapports sur la vision globale ainsi que sur la rénovation du musée d’histoire naturelle dans l’Ancien stand à l’ordre du jour de la commission financière afin qu’ils y soient présentés et discutés avant d’être votés en plénum. Celle-ci pourrait ainsi amener une deuxième analyse complémentaire à l’expertise indispensable qu’apportera la commission des institutions zoologiques.

En conclusion, ce projet n’est ni la première pierre ni un grain de sable dans le projet global, mais tout simplement une nécessité afin que le Bois du Petit Château entame son essentielle cure de jouvence.

C’est la raison pour laquelle, en attente de la vision globale mais aussi conscient de l’urgence commandée par cette réfection, le groupe socialiste soutiendra ce rapport.

Le conseiller communal Théo Bregnard, dans son intervention, a dû répondre aux groupes sur la date à laquelle le futur rapport sur le zoo-musée sera présenté. « Le projet global viendra au plus vite » a-t-il déclaré. Ce qui n’a pas tout à fait satisfait Patrick Jobin qui s’inquiète de la fin du bail du MHNC à la Grande Poste, soit 2019. 

COMMENTAIRE :

En voulant renvoyer le rapport sur les loutres à plus tard, le PLR a donné une gifle aux centaines de citoyennes et citoyens qui ont soutenu le projet par leurs dons, modestes ou significatifs. Cette somme de 200'000 francs permet de réduire le coût de l’enclos à 350'000 francs, ce qui est certes beaucoup mais nécessaire pour enfin réaliser une habitation moderne et respectueuse de leur existence aux magnifiques loutres cendrées qui font l’attractivité du zoo. L’argument du refus du PLR est l’absence d’une vision globale sur les investissements à faire dans le zoo ces prochaines années. Argument prétexte puisque tout le monde sait qu’il faudra améliorer le réseau d’eau, revaloriser la qualité paysagère du parc, penser au bien-être des animaux par de nouvelles petites constructions et présenter les espèces régionales de manière plus didactique. Dans les prochaines années, cela coûtera cher et se fera au gré de nos moyens. Alors pourquoi refuser de faire un premier pas avec l’enclos des loutres en concrétisant les nombreux dons des citoyens ? Tout simplement parce que les loutres cendrées ne sont pas des animaux de la région. « Qu’elles aillent se faire loutres », tel fut ce soir le slogan implicite du PLR.

Daniel Musy

2018-02-06