Cette séance des comptes 2017 a notamment été l'occasion pour le PS de faire part de sa mauvaise humeur sur le rapport de gestion du service de l'économie.

 

Voici d'abord l'intervention du chef du groupe socialiste, Patrick Jobin :

Malgré les opérations extraordinaires qui ont pu être effectuées dans les comptes 2017 et les chiffres noirs affichés au bas des tableaux comptables, j’aurais pu reprendre mon intervention de l’année passée sur les comptes 2016. Je n’aurais même pas dû changer la date du jour et du mois de mon document puisque la séance des comptes 2016 avait aussi eu lieu un 16 mai !

En effet, comme l’année passée, les opérations comptables dites extraordinaires ne permettent pas d’occulter le déficit opérationnel ou « économique », comme l’appelle le Conseil communal, de plus de 13 millions. 

Premièrement, les recettes extraordinaires, par définition, ne se reproduiront plus et, deuxièmement, les recettes fiscales, ordinaires elles, ne se relèvent toujours pas, même si leur baisse se tasse.

Comme l’année passée, il faut saluer à sa juste mesure les efforts financiers effectués par le Conseil communal et ses services qui permettent une amélioration de plus de 5 millions entre le budget 2017, sans prélèvement à la réserve conjoncturelle, et les comptes 2017 sans opérations extraordinaires. 

Il faut également féliciter et remercier les collaborateurs de la ville pour la motivation qu’ils ont su garder et l’esprit d’initiative qui a permis de trouver des solutions innovantes et parfois remettre en question des acquis pour les améliorer et les rendre plus efficients pour les finances et pour la population.

Dans un cadre financier toujours aussi serré et austère, l’objectif du groupe socialiste reste le même : maîtriser les finances communales tout en préservant les institutions et les acteurs qui font de notre ville une ville attractive et animée de culture et de sport.

Afin de relever ce défit, il va falloir poursuivre les réformes déjà engagées par le Conseil communal et le Conseil général et continuer à faire des choix parfois douloureux. En effet, les résultats des comptes 2017 tendent à montrer que la ligne empruntée par le Conseil communal pour développer des synergies, réduire les coûts de fonctionnement et trouver de nouvelles recettes porte ses fruits. Nous saluons la volonté, pour l’heure, de maintenir, malgré la tempête, un cap qui permette à notre Ville de précisément conserver les prestations d’une ville. 

Nous saluons également les magnifiques projets d’investissements votés ces derniers mois grâce à la suppression du frein à l’endettement, comme la rénovation des abattoirs et des ascenseurs de la gare ainsi que la création d’un nouvel enclos pour les loutres qui permettront à la ville de rayonner et lorsque la reprise économique portera ses fruits à en profiter pleinement.

Conjugués aux superbes projets privés qui sortent de terre, comme la récente Halle’titude ou les projets immobiliers de qualités qui fleurissent, notre ville à de quoi séduire même avec des difficultés financières et sera irrésistible lorsque ses finances seront meilleures. 

Mais, il faut rester attentif. 

Attentif à ne pas détruire à petit feu notre milieu associatif en démotivant les bénévoles, par exemple sous des taxes injustes et inappropriées. 

Attentif à ne pas épuiser le personnel communal.

Et attentif à mettre à niveau les installations existantes, en particulier les infrastructures sportives et scolaires pour lesquelles nous sommes inquiets et attendons des projets de rénovations pour ces prochaines années.

Par ailleurs, il faut rappeler que le refus de l’augmentation temporaire de 3 points d’impôts par la population de la ville a heureusement été partiellement compensé par le report de la bascule de l’impôt des frontaliers par le peuple neuchâtelois. 

Ces évènements sont l’occasion de rappeler que notre ville ne retrouvera pas l’équilibre sans une répartition plus équitable des richesses au sein du canton et le canton sans une meilleure répartition des richesses au sein du pays. En effet, alors que les centres de productions de richesses sont bien présents dans notre ville et dans notre canton, les retombées fiscales équitables qui peuvent légitimement être attendues ne le sont pas.

Sans vouloir paraphraser nos récentes interventions, nous devons rappeler que la ville de La Chaux-de-Fonds ne pourra véritablement redresser la situation que dans une perspective cantonale. Tant que notre volonté de redresser la barre ne sera pas clairement considérée, et tant que le rôle de centre qui est celui de La Chaux-de-Fonds ne sera pas reconnu par l’ensemble des collectivités, toute action et tout effort de nos autorités communales ne pourraient servir, au mieux, qu'à limiter les dégâts, au pire être annulés par des manœuvres ou autres référendums qui auraient pour conséquence de renforcer encore l’écart en termes de répartition des richesses au sein du canton.

Finalement, il s’agit pour le parti socialiste de rappeler, une fois de plus, que la situation financière de la ville est également le reflet de la situation sociale et économique préoccupante de notre population qui est beaucoup trop soumise aux aléas de la conjoncture industrielle.

Pour nous, l'emploi et l’accès à l’emploi sont une réponse centrale à cette problématique. Bien qu’il s’agisse d’une thématique qui n'est pas uniquement en mains communales, il est important de pouvoir avoir une réflexion de fonds liée à la diversification d’un tissu économique qui nous permette d’atténuer les effets conjoncturels particulièrement violents induits par un tissu encore trop monolithe.

Pour une ville de notre taille, nous avons trop peu d’emplois qualifiés, notamment des administrations fédérales et cantonales et quasiment aucun centres administratifs ou scientifiques dignes de ce nom pour fournir des emplois plus stables et garantir une plus grande mixité sociale.

 

Quant aux questions posées par les groupes sur le fonctionnement des services, relevons l'intervention de notre camarade Michael Othenin-Girard sur le rapport de gestion du service de l'économie :

Dans le rapport de gestion, on constate que l’activité du service économique pour 2017 tient sur une demi-page.

Nous étions habitués dans les précédents rapports de gestion à voir des informations, comme le contexte économique mondial, Suisse et régional. La situation par secteurs comme le tourisme, le commerce de détail, la promotion, l’immobilier, l’emploi et le chômage. 

On nous parlait de la vie des entreprises, comme dans le rapport de 2014 qui nous indiquait que « la Semeuse se diversifie.. », « Tag se repositionne », etc… Nous avions un retour sur la représentation de la ville dans des salons et événements  professionnels, comme le SIHH, Baselworld, ou l’EPHJ

Mais depuis 2016, la cure d’amaigrissement est flagrante… 

Alors même si nous comprenons aisément qu’un service qui n’a plus de personnel ne peut pas faire des miracles, nous déplorons le manque de clarté et de lisibilité d’une stratégie qui nous parait absente. 

Et si ce manque de visibilité n’est qu’une illusion d’optique,…… alors un peu d’éclairage sur la stratégie du service serait très apprécié.

La réponse de la conseillère communale responsable de l’économie, Sylvia Morel, n’a pas été convaincante du tout. Elle a justifié l’absence d’informations générales sur l’économie suisse et internationale par le fait qu’auparavant les rapports des chefs de service n’étaient que des « copier-coller de revues économiques ». Pour la conseillère communale, « si on veut un rapport sur l’économie de la ville, c’est très compliqué ». Et elle a expliqué que l’an passé elle a rencontré 50 chef-fes d’entreprise mais qu’il lui est impossible de nous donner la liste. Mais il ne lui était pas du tout demandé cela par M. Othenin-Girard !

Patrick Jobin a interrogé le Conseil communal à propos des effets sur la ville de l’arrêt du Tribunal fédéral n’obligeant plus les parents à financer des activités scolaires ou extra-scolaires obligatoires. Le conseiller communal Théo Bregnard a distingué dans sa réponse deux situations : les modiques sommes demandées pour les activités manuelles sur textile ou sur bois seront prises en charge par la ville. Les activités non obligatoires comme les camps de ski continueront à être vivement recommandées et au début de l’année scolaire, les parents devront dire s’ils sont d’accord que leurs enfants continuent à participer à ces activités. Actuellement la participation des parents s’élève à CHF 213'000.- pour les camps et diminuerait à CHF 155'000.- si on appliquait l’arrêt. Il est admis qu’ils devraient continuer à payer 10 à 15 francs de frais de nourriture qu’ils dépensent dans tous les cas chez eux. En bref, si la Ville devait tout financer, elle devrait payer environ CHF 200'000 .-

 

Les Verts, par Monique Erard,  ont déposé un postulat demandant au Conseil communal d’étudier comment les employés communaux pourraient recevoir une "indemnisation" pour les mesures salariales prises en 2017 afin de diminuer la masse salariale. Ils ont argumenté que le bénéfice 2017, même s’il est circonstanciel et est l’effet de rentrées extraordinaires, doit permettre de compenser ces sacrifices, surtout que depuis 2015 les employés ont dû faire de gros efforts. Monique Erard ne parle que d'un "geste" qui ne remet pas en cause les mesures prises en 2017.

Sylvia Morel, au nom du Conseil communal, refuse le postulat car les mesures sont valables jusqu'en 2020 et ont été l'objet d'un accord politique. De plus, la liquidation de l'ex-caisse de pension de la ville a permis à la plupart des employés de profiter de certaines sommes. L'UDC a rappelé qu'une allocation de résidence de 1000 francs est allouée aux employés habitant la ville.

Le popiste Julien Gressot regrette que les Verts n'aient pas consulté les autres groupes avant de déposeer ce postulat. Il faudra étudier cette mesure de manière plus exhaustive. Après une interruption de séance, les socialistes, par Patrick Jobin, pensent que le débat doit avoir lieu dans le cadre de la commission financière pour le budget 2019. L'important est plus les conditions de travail qu'une éventuelle compensation. Le PS, ainsi que le POP, proposent donc aux Verts de retirer leur postulat, ce qu'ils font. 

 

Commentaire 

Sylvia Morel à l’économie

Le Conseil communal veut faire rayonner la ville à l’extérieur, a de grandes ambitions pour retrouver des habitants fortunés et espère une forte reprise économique qui génèrerait une augmentation des recettes fiscales sur les personnes morales. En même temps, la responsable du service de l’économie, la Conseillère communale elle-même depuis qu’il n’y a plus de chef-fe de service, fait très peu d’efforts de développement dans son rapport de gestion d’une demi-page. Alors que tous les autres services livrent des informations circonstanciées sur leurs activités, celui-ci est maigre, ne présente aucun axe de sa stratégie globale. On est ravi d’apprendre que 50 chefs d’entreprise ont été rencontrés en 2017 mais là n’est pas l’essentiel. Nous espérons plus l’an prochain, à la mesure de la hauteur à laquelle aspire notre ville.

 

Daniel Musy

2018-05-16