Tous les partis ont accepté à l’unanimité le budget avec la volonté de tenir tête aux difficultés financières. La séance, sereine, a été teintée d’optimisme et le PS est intervenu de nombreuses fois dans l’examen de détail des services.

Les propos préliminaires du président de la Ville, Théo Huguenin-Elie, ont été forts et synthétiques. Il a d’abord mis en exergue sa fierté de voir que la classe politique, les services et la population réalisent une « union sacrée » pour affronter de manière solidaire la tempête financière. « Ce que nous faisons à La Chaux-de-Fonds devrait servir d’exemple au Canton ! ».

Malgré un budget rouge vif (15 millions de déficit ramenés à 5 millions en allant puiser dans la réserve conjoncturelle), le président de la Ville voit cinq raisons d’être optimiste :

  1. Les charges sont maîtrisées ;
  2. Il y a tassement dans la décrue des recettes ;
  3. Des signes d’une reprise conjoncturelle apparaissent ;
  4. Les investissements privés dans l’immobilier et des projets urbanistiques vont créer quelque 400 nouveaux logements dans les prochaines années ;
  5. En 2018 et 2019, de grandes décisions se prendront au niveau fédéral sur les axes de communication qui pourraient nous désenclaver. Dès 2022, les Montagnes neuchâteloises pourraient être le plus grand chantier de Suisse avec le début des travaux des contournements H20 et H18 ainsi qu’avec la rénovation de la ligne La Chaux‑de‑Fonds - Neuchâtel.

Cependant deux menaces se tiennent devant notre porte :

  1. Le pipe-line cantonal pour investir dans le Haut est vide et si Uni-Lac2, devisée à 60 millions, doit se faire, elle devrait « se construire chez nous ».
  2. La dégradation plus forte des finances communales est générée par des décisions de l’État, l’« autorité tutélaire » des communes. Le Canton doit donc assumer, justement, son rôle de protection.

Ensuite les différents groupes politiques ont fait leurs traditionnelles interventions générales. Voici celle de Patrick Jobin, chef de groupe socialiste.

Le budget 2018 de la Ville présenté par le Conseil communal, à l’instar des deux années précédentes, s’inscrit dans une logique de rigueur et de redressement commandés par une situation financière particulièrement difficile.

Pour rappel, en à peine 3 ans, soit entre les comptes 2014 et les perspectives 2017, les recettes fiscales ont chuté de près de 15 millions.

Tout le monde s’accorde pour dire que seulement la moitié de cette diminution de recettes est due à la conjoncture actuelle.

Il y a donc une partie structurelle de l’ordre de 10 millions qui s’explique très largement par la mauvaise et insidieuse répartition des richesses au sein de notre espace cantonal qui, par conséquent, est à des années lumières de suivre la logique d’un seul et même espace !

Par ailleurs, les charges, elles, ont augmenté de 2012 à 2017 de 10 millions principalement dans des secteurs qui ne sont pas sous maîtrise directe de la commune et découlant de lois cantonales. C’est notamment le cas pour la mise en œuvre de la loi sur l’accueil des enfants ; une loi nécessaire mais dont la charge pèse bien plus lourdement sur les communes qui, comme la nôtre, abritent de nombreuses familles avec un revenu moyen relativement faible, par rapport à d’autres communes, avant tout villageoises, bien plus avantagées.

De 2014 à 2017, ce delta est de +3 millions de charges et de -15 millions de recettes, soit 18 millions ; étonnant quand on regarde les chiffres de notre budget.

Pleinement conscients cette situation, les membres du groupe socialiste soutenons ce budget avec toute la responsabilité d’élus qui est la nôtre, le tout en saluant l’union sacrée des groupes politiques qui est née lors des états généraux des finances de la ville, même si le PLR voudrait encore baisser les effectifs des services dont il salue pourtant le travail.

C’est en effet lors de cette importante journée que tous les groupes politiques ont pris conscience et reconnu l’existence du déficit structurel de la ville et refusé toutes solutions populistes consistant à dire que c’est la faute de l’autre bord politique ou en visant à éliminer un service ou des prestations que son électorat ne soutient pas.

La reconnaissance du déficit structurel ainsi que le constat commun que le seul espoir pour notre ville est bien d’investir, a permis cette union des groupes politiques et l’acceptation unanime de la dérogation au frein à l’endettement.

Nous sommes cependant extrêmement inquiets pour l’avenir, craignant que tous les efforts fournis par la Ville s’avèrent finalement insuffisants pour lui redonner durablement du souffle. L’exercice de limitation des charges sous maîtrise des autorités communales arrive clairement au bout de ce qui peut être admis sans mettre en péril la substance même de la Ville. Les services sont restreints au minimum nécessaire à leur fonctionnement, voire moins et les équipes travaillent dans des conditions difficiles pour continuer à assurer les prestations à la population. Nous tenons à remercier toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs de la ville pour leur engagement dans ces circonstances.

Parallèlement, la Ville peine à trouver de nouvelles recettes. Les perspectives économiques sont encore incertaines et les marges de manœuvre relatives à des rentrées semblent épuisées. À court terme, seule la politique de stationnement pourrait apporter des recettes intéressantes. Avec la récente adoption du plan directeur des mobilités, sa concrétisation pourrait bientôt voir le jour et nous la soutiendrons.

Comme déjà dit, le groupe socialiste est convaincu que la solution pour La Chaux‑de‑Fonds ne pourra passer que par un pari sur l’avenir. L’exemple d’autres collectivités qui se sont réinventées le démontre : il s’agit d’investir pour rebondir et se reconstruire. Cela passe par de nouvelles opportunités, de nouveaux apports, notamment sur le plan économique.

Le budget des investissements qui nous est proposé contient des projets prometteurs comme par exemple la réhabilitation des anciens abattoirs.

C’est pourquoi le groupe socialiste soutient le plan d’investissements 2018 tout comme la dérogation au frein aux dépenses. Il invite également le Conseil communal à suivre les recommandations des États généraux passant notamment par le renforcement de la vision économique communale et par la mise en place d’une politique de stationnement visant principalement les pendulaires et la mise en place d’horodateurs dans les endroits stratégiques.

Finalement, malgré une situation financière dramatique, le budget 2018 fait ce qu’il peut pour sauvegarder tout ce qui fait la richesse de notre ville afin qu’elle garde son attractivité. Cela passe par un budget culturel et sportif qui permet aux associations et institutions de faire vivre notre ville et aux plus petites entités de tenir le coup et de ne pas se faire éliminer par la crise que nous traversons.

Reste que notre Ville n’évolue pas dans un environnement fermé. Ainsi, tous les efforts que nous pourrons mettre en œuvre et tous les paris que nous pourrons faire resteront en partie tributaires des impacts des décisions que d’autres autorités pourraient prendre.

Ainsi au-delà des décisions déjà prises sur le plan cantonal et qui contribuent à réduire encore nos recettes, comme la nouvelle loi sur l’approvisionnement en électricité, la volonté du Conseil d’État de soustraire des points d'impôts aux communes, cela sans contrepartie, aurait pour effet de neutraliser les douloureux efforts consentis pour sortir la tête de l’eau. Bien qu’elle soit moins lourde, il en va de même de la solution de compromis qui semble se dessiner au Grand Conseil.

Si La Chaux-de-Fonds connaît la situation la plus dramatique, c’est bien l’ensemble des collectivités, ou presque, qui ont des difficultés à faire face à leurs obligations. Dire que le canton ne fait pas exception, c’est enfoncer une porte ouverte. Cependant, cette réalité implique qu’il ne soit ni raisonnable ni de notre intérêt de nous opposer à toutes les réformes, à toutes les économies et à tous les reports de charges envisagés par le canton. En effet, le canton doit lui aussi revoir sa structure afin que sa situation ne se reporte pas sur celle des communes et ne l’aggrave pas.

Mais parmi ces choix du canton, certains demeurent à notre sens difficilement acceptables au vu des conséquences insidieuses qu’ils auront de manière directe sur les populations les plus fragiles de notre canton, et de manière indirecte sur les collectivités, avant tout voire pratiquement exclusivement les villes, qui précisément soutiennent ces populations.

Nous ne parlons pas ici du budget 2018, mais bien de ce qui vient ensuite : du plan financier du Conseil d’État présenté en début de mois et sur lequel je vais m’attarder brièvement car certaines de ses mesures sont en lien direct avec la capacité de notre cité à sortir la tête de l’eau.

Ainsi s’attaquer à l’orthophonie c’est faire peser encore plus sur les 3 villes la responsabilité de devoir assumer le parcours des élèves se trouvant dans les situations les plus précaires en prenant le risque de les envoyer en échec scolaire et ensuite directement dans le filet social.

Quant à l’augmentation du nombre d’élèves par classes, il est particulièrement insidieux pour les villes qui ont un environnement social déjà plus complexe et qui doivent faire face à des problématiques au sein de l’école d’un tout autre niveau que ce qu’on peut rencontrer dans les villages. La mise en place d’une telle mesure ne saurait donc être envisagée sans tenir compte d’un indice social par commune ou par cercle scolaire.

Nous ne perdons pas espoir que le canton nous entende (contrairement au POP nous croyons que c’est encore possible) et que les réformes annoncées puissent se faire en bonne intelligence et tenant compte de la situation réelle des communes.

Mais pour revenir à ce qui nous occupe aujourd’hui, et conclure, vous l’aurez compris, comme pour le budget 2017, c'est en prenant toute la mesure de la situation dramatique de nos finances et partant de nos responsabilités d'élus que le groupe socialiste acceptera ce budget sans enthousiasme, mais en saluant l’union sacrée que les groupes ont su trouver pour construire ce budget et faire voler le frein à l’endettement.

Les partis de droite furent inhabituellement cléments à l’égard du Conseil communal, surtout l’UDC qui a fustigé le Conseil communal précédent et le gouvernement cantonal actuel ! Ton un peu différent au PLR pour lequel nous ne devons attendre l’aide de personne. Ce parti a entonné sa traditionnelle antienne sur les effectifs du personnel communal qui ne baissent pas assez selon lui. Les Verts sont inquiets, en particulier pour l’avenir du Musée d’histoire naturelle et le POP pense que « nous sommes à l’os à tous les niveaux ».

La grande argentière Sylvia Morel est ensuite intervenue pour annoncer une bonne nouvelle : les comptes 2017, au lieu d’être déficitaires de 19 millions, pourraient, grâce à diverses rentrées extraordinaires (vente de Polyexpo, rétrocession de Prévoyance.ne à la suite de la liquidation de la Caisse de pension communale, etc) être légèrement bénéficiaires. Dans l’immédiat, notre mise sous tutelle par l’État n’est plus une menace. Elle a relevé que, malgré tout, accorder à nouveau des échelons au personnel communal (coût d’un million par an) n’est pas à l’ordre du jour.

Des questions de détail sur les services nous retiendrons cinq thèmes :

1. École obligatoire

Tant Oğuzhan Can (PS), que Paola Roulet (POP) sont préoccupés de l’annonce faite par Monika Maire-Hefti de l’augmentation des effectifs au cycle 1. Théo Bregnard, conseiller communal, trouve curieux que l’État, soucieux l’an dernier de la santé des enseignants sujets au burn-out, veuille augmenter leur charge de travail. À La Chaux‑de‑Fonds, il faudrait fermer 12 classes, avec dans certaines des effectifs jusqu’à 20-21 petits enfants. Quand on reproche à notre ville d’avoir trop de classes spéciales pour élèves en difficulté, on omet totalement de considérer le rapport entre ce nombre élevé et des données sociologiques propres à notre cité : l’aide sociale y est plus grande, ainsi que le taux de chômage, le nombre d’étrangers et de requérants d’asile ; les impôts sur personnes physiques rapportent aussi moins. Selon l’analyse du conseiller communal, il y a donc des inégalités dans ce canton que la gestion de l’école neuchâteloise devrait corriger.

2. Orthophonie

Dans ce domaine aussi, le Canton veut opérer d’importantes coupes et la conseillère communale responsable de la santé, Katia Babey, va monter aux créneaux. Moins de prestations équivalent à plus d’enfants mis sur le côté mais, heureusement si l’on peut dire, les mesures annoncées ne seraient effectives qu’en 2020 car une convention de trois ans a été signée cette année.

3. Carnet culturel, familial et sportif

Monique Gagnebin (PS), s’inquiète de ne toujours pas voir venir les 4 bons promis aux familles chaux-de-fonnières et donnant accès à différentes entrées sportives ou culturelles. « Nous avions classé cette motion parmi d’autres en avril 2016 avec la promesse d’une mise en place très rapide, celle-ci étant quasi prête étant donné que les services concernés avaient consulté le principal signataire sur le projet (en l’occurrence le soussigné !). » Théo Bregnard s’est engagé à reprendre le dossier en admettant qu’il ne l’avait pas suffisamment pris en charge depuis son entrée en fonction.

4. Sécurité des piétons sur les chantiers

Patrick Jobin, au nom du PS, a interpellé le Conseil communal sur la gestion chaotique du chantier Crêt-Manège quant à la sécurité des piétons. Signalisation parfois absente, enfants de la Promenade devant traverser sous un engin de chantier, mauvaise humeur de chefs de chantier quand ils étaient interpellés.

Le conseiller communal en charge de la sécurité, Marc Arlettaz, ne s’est pas dérobé, et, en termes polis, a fustigé l’irresponsabilité et la mauvaise volonté de certains « intervenants », en l’occurrence des chefs de chantier. Cela n’a pas été de tout repos pour ses services d’assurer la sécurité des piétons, auxquels certains intervenants « n’ont porté qu’une attention secondaire ». Du premier au dernier jour, la responsable des chantiers du service communal de sécurité a dû rappeler aux entreprises mandatées les exigences de sécurité. Elle a dû parfois faire face à de « l’agacement » et ce sont même souvent des agents du service de sécurité qui ont dû installer correctement des panneaux de signalisation pour les piétons. La situation s’est même quelquefois tendue au point que des intervenants ont été menacés de dénonciation à la police. À l’avenir, un rappel d’ordre général se fera à toutes les entreprises, et les conditions contractuelles d’attribution de mandats seront modifiées pour clarifier nos exigences de sécurité auprès de celles-là.

5. Musée d’histoire naturelle

La conseillère générale verte Monique Erard a demandé pourquoi les investissements prévus pour le futur MHNC à l’Ancien-Stand n’ont pas été budgétés. Théo Bregnard a expliqué que depuis l’abandon il y a un an, du Naturama, il a beaucoup travaillé pour parvenir à garantir que la collection sera conservée dans un endroit adéquat qui devra aussi la valoriser : l’Ancien-Stand. Les chiffres ne sont pas encore définitifs et un rapport devrait arriver devant le Conseil général autour de février.

Daniel Musy

BUDGET2018 - Interventions d'Oguzhan Can

2017-12-15