Jamais on ne se réveillait
Aux jours d’été de trente-six
Que pour un quatorze juillet
Le soleil couleur de maïs
Ne s’est pas couché de l’année
Sur nos pancartes promenées
Perpétuel temps des cerises
C’était un grand bal bleu et blanc
Dans la ville en bras de chemise
Sous un ciel plein de cerfs-volants
Prenaient de nous leur vol oblique
Les chansons de la République
C’était comme une féerie
Aujourd’hui le peuple est le maître
Il se promène dans Paris
Qui met ses drapeaux aux fenêtres
Enfants chantez et rechantez
Le pain la paix la liberté
Louis Aragon, Le roman inachevé (1956)
2016-09-07