Le Groupe socialiste a suivi les décisions très claires du Conseil fédéral et du Conseil des États et a donc refusé à l’unanimité l’initiative ainsi que toute proposition de contre-projet direct ou indirect !

Arguments :

  • Dans une démocratie directe telle que la nôtre, il est fondamental que les citoyens puissent se forger librement une opinion après avoir entendu ou vu la présentation des diverses opinions en présence.
  • Pour rendre compte des différentes positions de la façon la plus objective et équilibrée possible, des médias audio-visuels notamment doivent pouvoir informer le public en toute indépendance. Cela nécessite que ces médias soient au bénéfice d’un financement majoritairement public.
  • Le financement de la SSR et de radios et TV régionales privées par le biais de la redevance radio-TV permet à ces médias de remplir leur mission de service public, en particulier en matière d’information, par l’octroi de concessions. Les mouvements de concentration dans la presse écrite montrent bien que le « tout au privé » n’offre pas de telles garanties !
  • En plus de leur mission d’information, les médias au bénéfice d’une concession jouent un rôle fondamental de soutien à la culture, par la prise en charge d’importants coûts de production et en garantissant la diffusion d’œuvres et d’artistes suisses qui ne pourraient pas avoir un tel accès dans les médias privés en Suisse ou à l’étranger. Les statistiques démontrent très clairement ces faits !
    • Les réalisateurs et les producteurs de cinéma sont farouchement opposés à l’initiative… Rappelons au passage que le domaine de la création, de la production et de la diffusion cinématographique joue un rôle très important dans l’économie de notre pays avec 10'000 emplois environ !
    • Les chanteurs et musiciens suisses également. Ils s’opposent ainsi à la suppression de chaînes musicales comme Option musique en Suisse romande.
  • Si, par malheur, l’initiative devait être acceptée, les régions linguistiques minoritaires ne pourraient plus bénéficier d’offres de médias publics suisses de qualité. Ces régions, qui bénéficient de la péréquation qui garantit une redistribution sur-proportionnelle des ressources, ne pourraient compter plus que sur des offres de médias privés, essentiellement étrangers, qui ne tiendraient plus aucun compte de leurs spécificités ! En effet, les retombées publicitaires et les éventuels abonnements seraient totalement insuffisants pour intéresser des prestataires privés à produire ou à diffuser dans de telles régions périphériques !
  • Les médias de service public audio-visuels jouent un rôle essentiel pour la cohésion nationale de la Suisse.
  • Les partisans de l’initiative préconisent de recourir aux abonnements à des offres privées (qui consomme paie !). Or ces offres sont souvent nettement plus chères que la redevance de 400 francs par année : par exemple, Teleclub : 480.- par an ou 150.- pour les clients Swisscom en plus de l’abonnement à Swisscom (720.- par an) ! Des offres meilleur marché, comme Netflix à 140.- par an ne comprennent pas d’offres d’informations.
  • De plus, la SSR occupe des milliers de personnes (5800 EPT environ, sans compter encore près de 8'000 emplois indirects supplémentaires), comme le font, dans une moindre mesure, les 34 radios et TV régionales concessionnées (900 EPT). En cas de suppression de la redevance, pratiquement tous ces postes de travail seraient supprimés !
  • Il convient de rappeler que la SSR est financée à hauteur de plus de 70% par la redevance et que les 5% de redevance redistribués aux radios et TV régionales permettent de couvrir 30 à 70 % des charges de celles-ci ! Les autres recettes de la SSR proviennent essentiellement de la publicité… or ces recettes ont tendance à stagner, en particulier en raison de la concurrence « déloyale » provoquée par les fenêtres publicitaires destinées à la Suisse et diffusées en Suisse par des télévisions étrangères qui ne participent pratiquement au soutien à la production audio-visuelle dans notre pays !
  • Il est très important que la SSR conserve son indépendance en matière de gestion et de conception des programmes ainsi que sa liberté rédactionnelle… dans le respect du cadre fixé par la concession… Il ne s’agit en aucun cas d’une radio ou d’un TV d’État !

Conclusion :

Pour l’illusion de réaliser de pseudo-économies relativement modestes pour les ménages, on risque de démanteler un système qui fonctionne à la satisfaction d’une très grande proportion de la population, qui apporte un soutien évident à la cohésion nationale et qui permet, en plus des missions de service public, de promouvoir la culture !

Lors de la votation populaire de l’année prochaine, il faudra donc s’opposer de façon claire et déterminée à l’Initiative « No Billag » !

Jacques-André Maire
Conseiller national,
porte-parole francophone du Groupe socialiste

2017-09-28